La grande précarité touche aujourd’hui, selon les estimations de la Fondation Abbé Pierre, plus de 300 000 personnes en France. Et parmi elles, de plus en plus de jeunes : 16% de ceux qui appellent le 115 (numéro dédié aux SDF), ont moins de 25 ans.
Derrière ces chiffres -en progression constante- un quotidien où dominent la violence, la malnutrition, les problèmes de santé physique et mentale, les addictions, la solitude. Ainsi la grande exclusion engage-t-elle un cercle vicieux : bien souvent, les personnes à la rue n’utilisent plus les services publics -hôpital, pôle emploi, Centres d’action sociale…- qui pourraient leur éviter de sombrer.
A Grenoble, l’association Point d’eau a construit un modèle pensé avec et pour ces publics. Point de départ (en 1991) : un accueil de jour, centré sur l’accès à l’eau, pour se laver et faire sa lessive. Progressivement, la structure a étoffé son offre, en restant fidèle à quatre principes : un accueil inconditionnel, anonyme, gratuit et … centré sur la considération pour la personne accueillie. Une notion-clef, qui amène l’association à co-construire des initiatives et des solutions, en associant constamment les bénéficiaires, les salariés permanents, les intervenants.
Résultat : un ensemble de services intégrés qui visent à répondre en un point unique à l’ensemble des besoins. Des questions de santé (hygiène, réduction des risques, accès aux soins) à la reconstruction de l’estime de soi (activités socio culturelles et sportives) en passant par l’accès aux droits (accompagnement social, service postal…) et l’insertion (participation, retour vers l’emploi…). Point d’eau mobilise des dizaines d’intervenants qui se déplacent et tiennent leurs permanences sur place. Mais surtout, l’association veille à impliquer les usagers à tous les stades des projets.
Et demain ? Reconnue comme structure de référence pour la grande précarité par les partenaires locaux, Point d’eau écrit une nouvelle page de son histoire : la construction et l’aménagement d’un nouveau local, permettant d’élargir ses activités, la création d’un atelier d’insertion autour de la cuisine, et celle d’un jardin partagé. Le programme Inventer demain l’accompagne dans cette nouvelle étape.
« Ici, on n’est pas dans un espace de charité, mais dans un espace où l’on croit au potentiel de chacun pour agir et changer les choses »
- Richard Diot, directeur de l’association Point d’eau -