Portrait : Deza Nguembock, communicante
Deza Nguembock se consacre avec créativité à la cause des personnes handicapées. Depuis 2018, elle est bénévole au sein du comité Handicap de la Fondation de France.
Elle est née au Cameroun et a grandi à Eséka, une petite ville entre Douala et Yaoundé. Son père est professeur de maths et y a fondé un collège d'enseignement technique et général. Quand Deza Nguembock a quatre ans, elle contracte une forme de polio. Le diagnostic est incertain, les traitements inexistants et elle se retrouve à passer d’hôpitaux en cabinets de guérisseurs. Pourtant, elle se souvient d’une « enfance heureuse, joyeuse, normale ». Elle a la sensation rétrospective que le Cameroun et l’Afrique acceptent mieux les différences que l’Occident. La difficulté s’avive à l’adolescence. Les déformations osseuses s’intensifient. D’elle-même, elle décide de rejoindre la France où quelques-uns de ses frères et sœurs l’ont précédée. Évacuée sanitaire, elle est prise en charge d'abord à la Pitié Salpêtrière à Paris, puis au Centre des Massues à Lyon. Au bout de quelques années, il lui est possible de reprendre ses études. Elle passe par la Sorbonne, puis s’envole vers les États-Unis où elle rejoint l’université du Connecticut et décroche un master en e-business.
À son retour en France, elle est confrontée à la difficulté de l’insertion professionnelle des personnes handicapées. À force de rebuffades ou d’expériences insatisfaisantes, elle décide de créer sa propre entreprise. Elle lance une agence de communication qui comptera jusqu’à huit salariés et fera appel à une trentaine d’intervenants extérieurs. En plus des campagnes de communication pour ses clients, Deza multiplie les démarches artistiques afin de mettre en lumière le handicap. Expositions photos, documentaires, campagnes de street art se succèdent.
En 2014, elle croise pour la première fois la route de la Fondation de France alors qu’elle porte un projet de témoignages de cinq personnes handicapées, dont le sien, où il est question de leur construction sociale et professionnelle. Intitulé L'Art d'être différent. Histoires de handicap, cet ouvrage collectif est le prolongement de son film Miroir de mon âme. La Fondation de France va soutenir sa démarche et la publication se fera aux éditions Érès.
En 2018, Deza Nguembock rejoint en tant que bénévole le comité Handicap de la Fondation. Elle se retrouve dans cette approche transversale qui agit sur les causes de l’exclusion, et pas seulement sur ses symptômes. Son itinéraire personnel et surtout sa trajectoire professionnelle permettent au comité de bénéficier de son expertise et de son énergie. Elle souligne la rapidité de réaction d’une structure comme la Fondation de France et sa capacité à se saisir de thématiques négligées : maternité, sexualité, santé mentale, grand âge.
Si le Covid a eu raison de son entreprise, elle compte se relancer bientôt dans un nouveau projet. En attendant, elle prend du temps pour elle. Elle chante du gospel, dessine, écrit. Tant l’artistique n’est jamais absent ni de sa façon de voir, ni de sa façon d’être.