Le « Crous rural » : des logements adaptés aux jeunes sur le territoire vendéen
Héberger les jeunes professionnels en milieu rural : c’est la mission du CPIE Sèvre et Bocage, centre permanent d’initiative pour l’environnement, à la Flocellière. Dans cette commune, un ancien hôtel transformé en colocation depuis mars 2021, à l’initiative de l’association CPIE, accueille stagiaires, apprentis et services civiques sur le territoire. Bernadette David, bénévole à la Fondation de France Grand Ouest, a accompagné l’association dans la structuration de leur projet, au côté de Laurent Desnouhes, directeur du CPIE.
Quelle est l’histoire de ce projet ?
Bernadette David : Ce projet est parti d’un constat : il n’existe pas de solution d’hébergement en milieu rural pour les jeunes qui viennent s’installer temporairement sur le territoire du Pays de Pouzauges, situé à l’est de la Vendée : pas de foyers de jeunes travailleurs, de CROUS ou d’hébergements collectifs à prix modéré.
Le CPIE a donc décidé de mettre à disposition un logement en colocation à La Flocellière, qui accueille les stagiaires, services civiques ou apprentis, pour un loyer très modeste de 5 euros par nuit soit 150 euros par mois.
Laurent Desnouhes : Au départ, le CPIE (centre permanent d’initiatives pour l’environnement) est une association qui agit en faveur du développement durable, nous ne sommes pas spécialisés sur les questions d’habitat. Cependant, l’hébergement est au cœur des problématiques de notre territoire. La façon d’habiter induit des sujets environnementaux, mais aussi les problématiques d’emploi. Dans cette zone rurale de la Vendée, dans les communes de La Flocellière et de Sèvremont, de nombreuses offres d’emploi restent non pourvues et les entreprises ont besoin de main d’œuvre. C’est un territoire très dynamique économiquement, nous devons donc nous préoccuper de la question de l’accueil des nouvelles populations.
Nous avons donc décidé de passer à l’action et de proposer à ces jeunes travailleurs et à ces stagiaires une structure d’accueil sur le territoire. Accueillant nous-même des stagiaires à la CPIE, il nous semblait primordial de pouvoir leur offrir un logement décent à moindre prix.
Que vous a apporté le soutien de la Fondation de France dans le développement du projet ?
Laurent Desnouhes : La Fondation de France a été un véritable levier pour lancer notre projet. Nous avons effectué une demande de subvention en 2019 dans le cadre du programme « habitat », mais notre dossier comprenait alors quelques faiblesses car nous ne sommes pas spécialisés dans les questions de logement. Grâce à l’accompagnement très humain de Bernadette David, bénévole à la Fondation de France Grand Ouest, nous avons pu structurer davantage notre projet. Nous la remercions grandement car elle a mis en lumière des questions légitimes qui nous ont permis d’avancer et de revoir le projet de Crous rural sous un angle pertinent. L’expertise de la Fondation de France nous a été d’une grande aide et son accompagnement a été décisif dans l’avancement du projet. Au-delà de l’accompagnement, la subvention obtenue nous a permis de couvrir certains frais de fonctionnement du projet et de garder un loyer correct pour les résidents. D’autres acteurs nous ont également été d’une grande aide, comme la FDVA, le fonds de développement pour la vie associative, ou encore le soutien de la CAF, qui apporte des aides complémentaires aux locataires.
« L’expertise de la Fondation de France nous a été d’une grande aide et son accompagnement a été décisif dans l’avancement du projet. »
Laurent Desnouhes, directeur du CPIE
Bernadette, pourquoi la Fondation de France s’est-elle engagée pour ce projet en 2019 ?
Bernadette David : C’est un projet particulièrement innovant et surtout très utile sur le département vendéen. Il permet de redynamiser le territoire en intégrant les jeunes dans la vie locale. Le Crous rural a une logique de court terme en répondant au besoin d’une présence temporaire des travailleurs et des étudiants sur le territoire, mais également de long terme, avec l’objectif d’une éventuelle installation plus durable des jeunes sur le territoire vendéen. Le CPIE créé une vie de groupe au sein de la colocation, notamment grâce à un espace de co-working intégré, mais aussi la possibilité d’un accompagnement des jeunes par des bénévoles du CPIE.
C’est aussi un véritable projet écologique : comme l’association œuvre pour l’environnement, le bâtiment a été rénové avec des matériaux biosourcés.
Le CPIE est une structure très solide. Elle a un véritable réseau de partenaires, elle travaille conjointement avec les services de la commune et est en lien avec les entreprises du territoire. C’est une association avec un conseil d’administration très bien structuré et qui mène des projets concrets et en adéquation avec les besoins des populations et du territoire.
Quels résultats avez-vous observé depuis le lancement du projet en 2021 ?
Laurent Desnouhes : Au total, une vingtaine de personnes ont été résidents du CROUS rural. Certains sont restés pendant deux ans, quand d’autres occupent le logement pendant une durée assez courte de deux mois, le temps d’un stage. Les profils sont très variés, et les personnes viennent d’horizons sociaux très différents. En ce moment nous avons un apprenti en coiffure, un ingénieur en bâtiment, un stagiaire dans l’agroalimentaire ou encore un alternant en gestion de projet dans une entreprise de béton … La colocation leur permet de se rencontrer, d’échanger. Au-delà du logement, nous voulons proposer un véritable accueil sur le territoire.
Un maillage territorial est également en train de se mettre en place, avec la participation de la préfecture, des entreprises, de la collectivité ... L’inauguration, à laquelle était d’ailleurs venue Bernadette, a notamment été l’occasion de réunir les acteurs locaux et les parties prenantes du projet. Nous ferons un premier bilan en 2024, trois ans après l’ouverture du Crous rural. Comme nous constatons d’ores et déjà des résultats positifs, autant pour les jeunes que pour les entreprises, nous souhaiterions impliquer davantage ces dernières mais aussi démultiplier le projet dans d’autres communes.