Environnement : une mobilisation sans frontières
Alors que les pays du Sud sont très fortement exposés aux conséquences du changement climatique, plusieurs fondations abritées s'engagent pour le développement de nouveaux modèles de production agricole et d'activités économiques durables.
Comment accompagner les communautés locales pour expérimenter et développer des solutions à la fois écologiques et économiques ? Cette question structure les initiatives menées par nombre de fondations abritées à la Fondation de France, qui soutiennent le développement de nouvelles pratiques, porteuses d’espoir et d’autonomie pour les habitants, et respectueuses de l’environnement.
Changement de modèle
C’est le cas de la Fondation Act for a Better Planet, créée fin 2019 par Laurent Silvesti, jeune entrepreneur dans le domaine des télécoms et passionné par les questions de biodiversité. Cette fondation a choisi de concentrer son action à Madagascar, en accompagnant l’association Manao Manga qui promeut une économie circulaire respectueuse des ressources naturelles. « Développer des activités économiques viables à long terme en consommant et en consumant moins de ressources, notamment de bois, c’est sortir d’une logique de subsistance et retrouver un avenir, affirme Laurent Silvestri. Concrètement, l’association a monté une activité de récupération de déchets plastiques, triés et recyclés dans la fabrication de meubles et d’engrais. Elle propose la vente à microcrédit de petits réchauds économes en combustibles… deux activités qui évitent la coupe de bois et ralentissent donc la déforestation. En deux ans, ce sont ainsi 400 000 arbres qui ont été préservés ! » Manao Manga coordonne également un programme de replantation de 50 millions d’arbres, une forêt conçue à la fois pour restaurer la biodiversité et pour fournir des ressources (énergétiques et alimentaires) aux populations locales. Elle a en outre lancé une ferme pédagogique pour promouvoir la permaculture… « Chacun de ces volets est lié à une démarche de formation et d’implication des habitants, souligne Laurent Silvestri. Car au-delà de la transformation des pratiques, le véritable enjeu c’est une révolution dans les esprits, sur plusieurs générations. »
Biodiversité et agriculture, même combat
À quelque 10 000 km de Madagascar, la démarche de l’association Cœur de Forêt en Bolivie, est comparable. Soutenue par quatre fondations abritées – Fondation Denis & Fils, Fondation Une goutte d’eau pour notre planète, Fondation Léa Nature, Fondation Nature et Découvertes – Cœur de Forêt est implantée dans la région de Las Yungas, à la jonction des Andes et de l’Amazonie, qui constitue une réserve de biodiversité extraordinaire.
Depuis plusieurs années, la polyculture traditionnelle a été délaissée au profit de la culture de coca. Développée par brûlis, en détruisant des pans de forêts, cette pratique intensive appauvrit les sols, provoque des glissements de terrain et pollue les cours d’eau. « Pour inciter les producteurs locaux au changement, il faut générer des ressources économiques viables et pérennes, explique Eugénie Saintipoly, responsable de la Fondation Denis & Fils. L’association s’est engagée avec les producteurs vers une reforestation, en associant des espèces forestières, fruitières ou florales (café, agrumes, hibiscus…) qui peuvent être valorisées. En complément, l’équipement et la formation à l’apiculture de près de 70 paysans permettent aujourd’hui de produire et de commercialiser 2,5 tonnes de miel. » Là encore, c’est un modèle économique alternatif qui permet de mieux préserver les écosystèmes « et qui répond aux aspirations des nouvelles générations de paysans, de plus en plus conscients des enjeux environnementaux », note Eugénie Saintipoly.
Construire un avenir
Si les pratiques agricoles sont centrales pour ces pays du Sud, d’autres secteurs peuvent également avoir un effet de levier sur les questions environnementales. Le bâtiment, par exemple, est au cœur des initiatives de la Fondation Setec. Les projets qu'elle soutient au Sénégal et au Cameroun proposent des alternatives à l’utilisation du béton, un matériau de construction énergivore, qui consomme des ressources en sable importantes et qui ne présente pas de bonnes performances d’isolation. « Le projet porté par l’association Nio Far au Sénégal repose sur l’utilisation de terre, de paille et de latérite. Celui mené au Cameroun par l’association Ani-International recourt à du raphia et du bambou… autant de matériaux prélevés localement », explique Marie Hommeau, animatrice de la Fondation Setec. Les projets soutenus comportent aussi une forte dimension sociale. Par la destination du bâtiment d’une part : construction d’une école, d’une Maison de l’environnement, d’une unité de transformation écoresponsable du manioc… ces bâtiments créés ou rénovés accueilleront des projets d’intérêt général pour les populations locales. Et par l’organisation de chantiers-écoles d’autre part. « Ainsi le projet de Nio Far est-il mené avec la participation de jeunes déscolarisés, qui seforment en bâtissant… un centre de formation ! »