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Trois questions à... Thierry Gissinger

26 décembre 2018

« Le changement des comportements se joue dès l’enfance »

Entretien avec Thierry Gissinger, responsable des programmes Environnement de la Fondation de France.  

Pourquoi la Fondation de France a-t-elle choisi de s’engager sur la voie de l’éducation à l’environnement ?

Parce que nous sommes convaincus que la transition écologique ne se fera pas sans les citoyens… y compris les plus jeunes ! Et changer de modèle, c’est aussi modifier les gestes du quotidien, à l’échelle de millions d’individus. C’est ce qui avait motivé notre soutien dès les années 90 aux mallettes pédagogiques « Rouletaboule » sur la gestion des déchets et « Ricochet » sur la gestion de l’eau. Si l’on veut faire de l’attention à l’environnement un véritable mode de vie, des réflexes au quotidien, -et non un système de règles et de contraintes- il faut commencer tôt ! Plus largement, à l’heure où de nouveaux modes de production et de consommation s’inventent sur le terrain, l’éducation à l’environnement fait partie d’une éducation globale à la citoyenneté, vue comme la participation active à la vie de la cité.

L’action de la Fondation de France en la matière passe par la gestion du Parc de Branféré qui abrite l’Ecole Nicolas Hulot. Quels sont les spécificités de leurs approches ?

La force de leur démarche, c’est une approche non scolaire, expérimentale, fondée sur la curiosité, l’exploration et le plaisir et chaque séjour est individualisé, préparé avec les enseignants. Avec le Parc, priorité à la découverte et à l’émerveillement, face à la diversité et à la beauté de la nature. Tout commence par là. C’est sur ce socle que peut ensuite se construire la compréhension de la biodiversité, puis une sensibilisation aux bons gestes. Avec la ferme pédagogique, place au contact direct pour que l’expérience soit aussi sensorielle et tactile. Ce sont ainsi la vie « sauvage » et la vie « cultivée » qui sont explorées. A l’école Nicolas Hulot, les naturalistes en herbe deviennent vite des militants de la préservation des ressources !

La philosophie qui sous-tend cette démarche, c’est aussi que la protection de la nature… bénéficie à l’homme ?

Bien sûr ! Quand on sensibilise les jeunes à la biodiversité, on n’aborde pas la nature comme un monde à part. On ouvre les esprits à l’interdépendance entre la nature et l’homme. Parce qu’elle repose sur une pédagogie active et concrète, sur le travail en groupe, la discussion, l’expérimentation… l’éducation à l’environnement a de nombreux effets « secondaires » positifs, comme le développement de l’écoute, de l’empathie et de la solidarité.