Inégalités et réussite scolaire : offrir les mêmes chances à tous les enfants
En France selon l’INSEE, 7,5% des 18-24 ans, soit plus de 70 000 jeunes, sortent chaque année du système scolaire sans diplôme. Une réalité qui concerne d’autant plus les enfants issus de milieux défavorisés*. Depuis plus de 15 ans, la Fondation de France et les fondations abritées se mobilisent pour contribuer à réduire les inégalités scolaires en accompagnant les enfants les plus fragiles et leur entourage.
Depuis sa création, la Fondation de France aide les jeunes à trouver leur place dans la société. Près de 3000 bourses sont ainsi accordées chaque année par la Fondation de France et les fondations abritées à des jeunes.
En 2023, la Fondation de France a choisi d’amplifier sa mobilisation avec la création du collectif « Nouvelles générations » qui fédère plusieurs fondations (cf. encadré). L’objectif ? Augmenter l’impact des actions menées pour accompagner ces jeunes générations à construire l’avenir. Ce collectif s'attache à la question des inégalités en incluant tous les enjeux de la petite enfance à l'insertion des jeunes, avec la volonté d’agir sur les causes et non uniquement sur les symptômes. Pour Juliette Louis-Servais, responsable Grande cause « Enfance, jeunesse et éducation » de la Fondation et pilote du collectif. « La réussite scolaire est une question cruciale mais elle constitue la partie émergée du problème car elle n’est possible que lorsque plusieurs conditions sont réunies : des conditions de vie permettant aux enfants de s’épanouir et d’étudier, un climat scolaire serein, des relations apaisées avec les autres et, autour d’eux, des parents en situation de jouer leur rôle et des équipes pédagogiques soutenues, motivées et efficaces ».
Pour réduire les inégalités et encourager la réussite scolaire de tous les élèves, il faut à la fois favoriser la socialisation et le goût de l’école dès le plus jeune âge ainsi qu’une orientation choisie pour les collégiens et lycéens, soutenir les élèves en difficultés, lutter contre les violences et les discriminations à l’école, sans oublier d’accompagner les adultes qui les entourent, qu’il s’agisse de l’entourage familial ou des professionnels de l’éducation.

Favoriser « l’accrochage » scolaire de tous, dès le plus jeune âge
Trouver au plus tôt sa place à l’école et dans un groupe est l’une des conditions-clé d’une scolarité réussie. Le Réseau Mom’Artre œuvre par exemple à la socialisation préscolaire des enfants de 2-3 ans au travers d’ateliers artistiques et culturels.
La Fondation Sève organise quant à elle des ateliers de philosophie pour les enfants dès 5 ans dans les établissements scolaires et périscolaires. soutient également l’association Askola, dont les « camions école » s’installent à proximité des lieux de vie des familles pour proposeraux enfants dès 3 ans des ateliers encadrés par un enseignant et ainsi faciliter leur entrée en maternelle.
Créée en 2024, la Fondation Françoise Bouygard a aussi choisi de se concentrer sur les structures qui accompagnent les enfants les plus vulnérables : « Nous soutenons par exemple l’association Acina, qui œuvre à une scolarisation réussie de tous les enfants en aidant les familles qui vivent dans des bidonvilles de la région parisienne à trouver un logement décent, et en les incitant à scolariser leurs enfants au plus tôt », explique sa fondatrice.
2942 bourses
attribuées à des jeunes par la Fondation de France et les fondations abritées en 2024.
Soutenir les élèves en difficulté
En dépit des initiatives destinées à mettre en place les conditions d’une scolarité harmonieuse, certains enfants ont besoin d’un soutien particulier pour ne pas perdre pied. La Fondation BNP Paribas prône une approche globale tout en privilégiant certains domaines d’engagement, explique Philippe Assedo, responsable du mécénat solidarité : « Nous soutenons des associations qui interviennent au plus tôt en consolidant les apprentissages fondamentaux, la méthodologie et la confiance en soi, comme l’association Coup de pouce, qui met en place des dispositifs périscolaires (ateliers de jeux, prêts de livres, sorties culturelles) pour aider les écoliers à exprimer leur potentiel, tout en mobilisant les familles. Ou encore l’association Agir pour l’école, qui propose des ateliers de soutien scolaire et la création d’outils pédagogiques innovants à l’attention des enseignants ».
Créée en 2008, la Fondation Neuvoies aide les associations à amplifier l’impact de leurs actions. « Nous avons par exemple accompagné l’association Proxité qui contribue à la réussite scolaire, l’orientation choisie et l’insertion professionnelle des jeunes en proposant d’ajouter à leur dispositif la participation des familles, jusqu’alors sous-exploitée. Egalement l’association Rev’Elles, qui accompagne des jeunes filles à partir de 14 ans via un système de mentorat avec des femmes issues de tous milieux professionnels. Là, nous avons déployé l’expérience sur le temps long, pour permettre à ces jeunes filles de devenir à leur tour rôle modèle ».
Donner les clés pour une orientation choisie
Selon une étude menée par le collectif d’action Nouvelles générations en 2025, les inégalités sociales face à l’orientation scolaire sont fortes : seulement 30 % des enfants d’ouvriers sont scolarisés en seconde générale, contre 66 % des enfants de cadres. Faute d’un accompagnement adapté, des élèves se voient imposer des choix qui ne tiennent pas compte de leurs souhaits ni de leur potentiel.
Pour lutter contre l’orientation subie, le collectif Nouvelles générations l’association Trouve ta voix qui intervient dans les collèges et lycées publics des quartiers prioritaires pour aider les jeunes à préparer leur insertion professionnelle. Le collectif accompagne aussi l’association Une voie pour tous, créée par des lycéens issus des filières professionnelles, qui engage des actions de plaidoyer pour revaloriser ces filières et mieux les faire connaître..
Afin de favoriser la connaissance de toutes les filières et métiers, la Fondation de France soutient l’association De l’or dans les mains, qui contribue à changer le regard des collégiens sur les métiers manuels et l’artisanat, ainsi que l’association Cap Sciences, qui intervient dès le CM1 et jusqu’au lycée pour lutter contre les inégalités dans l’acquisition du goût des sciences.

Lutter contre les violences à l’école et favoriser la mixité sociale
Créer un climat favorable à la réussite scolaire passe aussi par un accompagnement au dialogue.La Fondation Crédit Mutuel Alliance Fédérale et le collectif Nouvelles générations soutiennent par exemple l’association Astrée qui met en place, avec son programme « Attentif aux autres », le parrainage d’élèves de 6ème par des élèves 3ème pour faciliter leur intégration. Et comme les violences et les discriminations se règlent souvent par la connaissance de l’autre, l’association Le Grand Bain, Pépite 2025 de la Fondation de France, organise des jumelages entre des écoles de quartiers très différents à Marseille, avec des rencontres régulières entre les enfants,les familles et les enseignants. « Un projet fort, en résonance avec notre démarche qui consiste à œuvrer de façon systémique sur la question de l’égalité des chances, et à soutenir de jeunes associations, dynamiques et innovantes », assure Sophie de Benoist, secrétaire générale de la Fondation 29 Haussmann aussi engagée sur ce projet.
Accompagner les adultes entourant les élèves
Enseignants, professionnels de l’éducation nationale, éducateurs… jouent eux aussi un rôle clé dans le parcours scolaire et personnel d’un enfant. Le collectif Nouvelles générations et plusieurs fondations abritées accompagnent l’association Ecolhuma qui agit avec une conviction : les enseignants sont des acteurs essentiels de la réussite des élèves les moins favorisés. L’association vient en appui aux professeurs et chefs d’établissements à travers sa plateforme « Etre Prof » qui propose des échanges pairs à pairs et des outils pédagogiques pour améliorer et adapter les pratiques d’apprentissage. Le tout avec un impact majeur puisque 110 000 enseignants participent à l’aventure, impliquant plus de 3 800 000 élèves.
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Le collectif d'action Nouvelles générations de la Fondation de France : accompagner les nouvelles générations à construire l’avenir
Le collectif soutient des initiatives pour répondre à 3 objectifs prioritaires :
- agir sur les déterminismes dès le plus jeune âge pour réduire les inégalités, notamment scolaires
 - déconstruire les stéréotypes et créer des espaces dialogue, pour prévenir les violences et lutter contre l’isolement des enfants et des jeunes
 - renforcer le pouvoir d’agir des enfants et des jeunes, en développant leur esprit critique et en encourageant leur engagement dans des projets individuels et collectifs.
 
Valoriser et documenter les innovations pédagogiques
Documenter et évaluer les actions menées est indispensable pour renforcer leur impact. C’est ce que fait par exemplela Fondation Vareille, qui a développé le programme « Un violon dans mon école » pour aider les 4-8 ans à mieux réussir à l’école via l’apprentissage du violon.
« Convaincus du rôle clé de l’initiation au violon dans le développement de l’enfant, nous avons développé cette pratique sur le terrain tout en cherchant à évaluer scientifiquement les résultats obtenus, explique la fondatrice Hélène Vareille. Depuis 2019, une étude associant Sciences Po et le CNRS analyse l’évolution des compétences cognitives et socio-comportementales d’enfants suivant, ou non, ce programme. Le laboratoire de recherche NeuroSpin se charge aussi d’évaluer les effets de cet apprentissage via l’imagerie cérébrale. Dans tous les cas, les études montrent que les « petits violonistes » font preuve d’une meilleure concentration et d’une mémoire plus développée ». Initié en Suisse en 2015 et France en 2017, ce projet impliquait en 2024 plus de 5200 élèves dans 68 écoles et fait l’objet d’un transfert progressif vers les autorités publiques en vue de son essaimage.
* Source : Baromètre L’Etudiant-BVA, 2023