3 questions à Sophie Marinopoulos
3 questions à Sophie Marinopoulos, membre du jury de l'« Opération philanthropie » et psychanalyste fondatrice des lieux solidaires pour les familles "Les Pâtes au Beurre"
Quels sont les grands thèmes abordés et les types d’actions philanthropiques proposées par les enfants ?
Leur préoccupation est avant tout leur environnement, et celui-ci prend différents visages. Certains se focalisent sur l’environnement relationnel ou sur la nature à protéger, d’autres lui donnent une dimension culturelle plus large, témoignant de leur maturité. Mais dans tous les cas, il s’agit de gestes utiles pour un monde meilleur. Les enfants présentent une ouverture au monde dès la naissance et se construisent une maturité tournée vers l’extérieur qui s’affirme au fil des ans. Ces enfants âgés de 5 à 10 ans nous révèlent par ces dessins ce qui, dans notre monde, les touche et les mobilise, mais aussi comment ils s’y inscrivent en tant qu’acteurs et la manière dont ils tiennent à y prendre place. Leurs propositions allient esthétique, inventivité et ouverture d’esprit.
A quoi ressemble le monde meilleur imaginé par les enfants ?
Les enfants ne parlent pas d’un monde « meilleur » mais du monde auquel leur enfance aspire. Ils veulent pouvoir être libres de vivre dans un monde juste qui est une valeur très importante de l’enfance. L’enfant est une personnalité altruiste et a besoin de s’assurer que chacun est bien dans sa vie. Ainsi, un monde dit « meilleur » par les adultes est à leur échelle un monde juste, c’est-à-dire qui produit de l’égalité dans l’éducation, le mode de vie, l’accès aux soins ou à l’enseignement. C’est un monde dans lequel ils attendent que les adultes prennent leurs responsabilités pour que notre planète ne soit pas pillée mais préservée et on voit tous les thèmes de l’écologie apparaître. Dans leur quête de justice, les enfants s’adressent à tout ce qui fait relation au vivant, ce qui les conduit dans leurs dessins à nous rappeler que notre planète est à leur yeux une entité vivante à respecter, à embellir et à protéger.
Comment le contexte de crise transparaît-il dans les dessins des enfants ?
Ce qui ressort, c’est une souffrance individuelle qui impacte les relations sociales, familiales, conjugales dans lesquelles les enfants sont directement en contact. Leur famille est malmenée, bousculée, matériellement, psychologiquement, et si ces situations varient d’un foyer à l’autre, elles impactent leur quotidien d’enfant. Ces dessins nous relient directement aux travaux des professeurs en épidémiologie Kate Pickett et Richard Wilkinson qui nous rappellent que les sociétés du bien-être sont celles qui tendent vers la réduction drastique des inégalités. Ces enfants, dans leur sagesse graphique, sont une illustration de cette thèse.
1Kate Pickett et Richard Wilkinson « Pour vivre heureux vivons égaux » éditions Les Liens qui Libèrent, 2019
POUR ALLER PLUS LOIN
→ L’École de la philanthropie : dessine-moi un monde meilleur !
→ « Pas besoin d'être un héros pour être philanthrope », par Sophie Marinopoulos