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Liberté, Égalité, Philanthropie… les fondations européennes s’engagent

22 mai 2019

Comment la philanthropie peut-elle contribuer à défendre les droits fondamentaux, la liberté, l’égalité, la fraternité ? Pour en débattre, plus de 600 acteurs de la philanthropie européenne étaient rassemblés du 22 au 24 mai à Paris, pour la conférence annuelle de l’European Foundation Centre (EFC), dont la Fondation de France était co-organisatrice.

L’édition 2019 de l’Assemblée annuelle de l’EFC était l’occasion de célébrer un triple anniversaire : les 30 ans de l’EFC, les 50 ans de la Fondation de France et les 230 ans de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen ! Comme chaque année, un thème structurait les échanges, et celui de cette année - « Liberté, égalité, philanthropie » - s’imposait.

A côté des Etats et de la société civile, la philanthropie a en effet toute sa place pour faire grandir les droits de l’Homme. Emergence de nouvelles formes de solidarité et d’inclusion, crises migratoires, menaces qui pèsent sur les libertés d’expression et de la presse à l’ère des Fake News, promotion des droits de l’Homme… Autant de sujets sur lesquels elle s’engage. Pendant trois jours, en sessions plénières, en ateliers et en visite sur le terrain, les acteurs du secteur ont pu partager les points de vue, les bonnes pratiqueset envisager des actions communes pour faire face à ces défis.

Rendez-vous en mai 2020, pour la prochaine Conférence annuelle de l’EFC, à Vienne.

 

Liberté, Egalité, Philanthropie… Les mots pour le dire

Axelle Davezac : « Pour défendre les droits humains, les fondations ont un rôle précieux et spécifique ».

« Liberté, Egalité, Philanthropie… le thème de cette 30ème Assemblée générale de l’EFC nous ramène au sens profond de nos fondations : défendre et faire grandir les droits humains. Il n’est pas anodin que cette conférence se tienne à quelques jours d’élections qui permettent à 500 millions de citoyens de dire quelle Union européenne ils veulent. Car le triptyque des droits fondamentaux, si il est un socle de nos démocraties, est loin d’être un acquis. Préserver le lien social et donner la priorité à l’humain restent des combats de chaque jour, dans un continent fragilisé par les révolutions technologiques, les mutations économiques, le défi climatique, celui de la pauvreté et des migrations. Dans ce contexte, les fondations ont une place et un rôle à la fois précieux et original. Celui de conjuguer l’agilité, pour répondre aux urgences et soutenir l’innovation sociale et la capacité à agir à long terme, indispensable pour peser durablement sur la réalité. »

 

Axelle Davezac, directrice générale de la Fondation de France et présidente du comité d’organisation de la Conférence EFC 2019

 Ivan Krastev : « le défi de l’espoir »

« Le plus grand défi de nos sociétés européennes tient en un mot : Espoir. Comment le retrouver ? Alors que le projet européen s’est construit sur la peur de revivre les conflits du passé, une large majorité de jeunes Européens pensent aujourd’hui « que c’était mieux avant » et ont peur de l’avenir ! En 30 ans, nos sociétés civiles se sont fragmentées et la défiance à l’égard de l’argent, à l’égard de toutes les institutions s’est ancrée dans les esprits. Alors, comment agir et reconstruire l’espoir dans un tel contexte ? Pour relever ce défi, les acteurs de la philanthropie ont une chance : pouvoir agir au plus près du terrain, accompagner des projets locaux, développer des solutions sur-mesure… Un avantage essentiel dans nos sociétés européennes si diverses. »

 

Ivan Krastev est un politologue bulgare, président du Centre for Liberal Strategies à Sofia, il a publié plusieurs essais sur l'Europe et la démocratie.

 

Bassma Kodmani : « Pour défendre la civilisation, priorité à la culture et la société civile »

« Vue du Sud, l’Europe reste le continent de tous les espoirs ! Pour les réfugiés qui fuient la violence, l’injustice et la misère, le contact avec les autorités des pays européens est rude. Mais sur le terrain, l’accueil est souvent très ouvert, grâce à la main tendue par les associations. Pour construire des liens forts entre habitants des pays d’accueil et nouveaux arrivants, le ferment le plus solide restent les arts et la culture. La liberté est une invention de nos sociétés antiques, un patrimoine de civilisation commune qui nous rassemble au-delà des différences d’histoires, de climats, de régimes. C’est sur ce socle qu’il faut construire nos liens. »

 

Bassma Kodmani est une politologue d’origine syrienne, universitaire, chercheur, directrice de l'Initiative Arab Reform.

 

Ghada Hatem : « Le pouvoir d’innover au service de l’égalité »

« Inégalité d’accès aux soins et à l’éducation, violences conjugales, mariages forcés, mutilations sexuelles… malgré les progrès enregistrés ces 50 dernières années, la situation faite à des millions de femmes reste inacceptable. C’est pour apporter aux femmes vulnérables ou victimes de violence une réponse globale, dans un cadre sécurisé et confidentiel, que nous avons imaginé la Maison des femmes à Saint-Denis. Un projet qui n’aurait pas vu le jour sans le soutien de la philanthropie, capable de financer des dispositifs innovants. Aujourd’hui La Maison des femmes fait figure de modèle et inspire d’autres initiatives… La fonction d’incubateur de la philanthropie a donc joué son rôle. »

 

Ghada Hatem est une gynécologue-obstétricienne franco-libanaise. En 2016, elle a fondé la Maison des femmes à Saint-Denis.

 

Danny Sriskandarajah : « Reconstruire un cadre plus égalitaire »

« En matière d’inégalités économiques, nos sociétés sont revenues à un niveau comparable à celui des années 30… Tandis que partout en Europe, les acquis de l’Etat providence reculent, les progrès de l’égalité des sexes sont remis en cause, le racisme se développe. Cette situation est une véritable bombe à retardement ! Les fondations ont un rôle à jouer. Pas uniquement pour « soigner » les effets de la pauvreté… mais aussi pour soutenir la recherche, financer des expérimentations et construire ainsi un cadre de solidarité plus équilibré entre les sociétés civiles, les Etats et les entreprises. »

 

Dhananjayan Sivaguru ("Danny") Sriskandarajah est le directeur général d’Oxfam GB.

 

Lionel Zinsou :  « Réparer et prévenir »

« La question des inégalités se pose bien différemment des deux côtés de la Méditerranée. Mais en Europe comme en Afrique, la philanthropie peut jouer deux rôles : réparer les effets des inégalités, et prévenir leur développement. Avec des actions très concrètes sur le terrain. En Afrique par exemple, les fondations qui soutiennent l’entreprenariat des jeunes, et la lutte contre la fracture numérique, améliorent le destin et les chances des jeunes défavorisés. Mais elles font aussi reculer les représentations traditionnelles patriarcales et peuvent ainsi faire bouger les lignes. »

 

Lionel Zinsou est un économiste franco-béninois. Il a été Premier ministre du Bénin de juin 2015 à avril 2016.

 

Frédérique Bedos : « La fraternité transforme le monde, en commençant par nous »

« J’ai été adoptée à l’âge de 11 ans, au cœur d’une famille comptant 20 garçons et filles… tous adoptés ! J’ai donc pu mesurer la puissance transformatrice, réparatrice, de l’amour et de la fraternité ! Et voir que l’amour donné est aussi précieux pour celui qui le donne que pour celui qui le reçoit. C’est cette expérience intime qui m’a convaincue de créer Le Projet Imagine, une maison de production audiovisuelle pas comme les autres, puisqu’elle ne produit que des films -courts ou longs métrages- positifs, pour inciter à l’action, dans le sens d’une société plus fraternelle. Avec une conviction : pour créer du lien social, nous avons besoin de partager des histoires qui nous inspirent. »

 

Frédérique Bedos, est animatrice de radio et télévision et documentariste. Elle a créé l’ONG d’information Le Projet Imagine.