World Giving Report 2025 : un deuxième volet consacré aux acteurs de l’intérêt général dans le monde
Après le premier volet du World Giving Report 2025 de Charities Aid Foundation, consacré à la générosité à travers le monde (Donor insights), le deuxième volet de cette étude s’intéresse aux tendances et défis rencontrés par les acteurs de l’intérêt général (Charity insights). Principaux enseignements pour le secteur en France dans ce nouveau rapport, produit en partenariat avec la Fondation de France.
Le pessimisme domine au sein des acteurs français de l’intérêt général. Selon le rapport ‘Charity insights’ sur la France du World Giving Report 2025 qui vient d’être publié, seuls 21% des sondés se déclarent optimistes sur l’avenir du secteur, contre 66 % au niveau mondial. Ils sont également moins confiants (50 %) que leurs homologues étrangers (83 %) concernant l’avenir de leur propre structure.
Pression financière et hausse des besoins sociaux
La première préoccupation du secteur en France reste la question financière : 87 % des personnes interrogées citent la viabilité financière, la compétition accrue pour trouver des fonds ou encore l’équilibre entre financements fléchés et non-fléchés comme leur principal défi. Ce résultat confirme la tendance observée dans la deuxième enquête nationale sur la santé financière des associations publiée en octobre dernier par le Mouvement associatif : 50 % des associations déclarent avoir vu leurs financements publics diminuer en 2025. Pour une association sur cinq, cette baisse a même été supérieure à 20 %.
À ces tensions budgétaires s’ajoute une autre préoccupation : la hausse des besoins sociaux. 67 % des acteurs de l’intérêt général interrogés en France font état d’une augmentation de la demande de leurs services l’année écoulée, et 83 % anticipent que cette hausse va se poursuivre ces douze prochains mois.
« Ce contexte impose aux acteurs français de l’intérêt général de redoubler d’innovation pour maximiser leur impact en dépit de ces contraintes. Et une très large majorité d’entre eux affichent leur confiance dans leur capacité à répondre à l’évolution de la demande, preuve de leur agilité et de leur résilience », constate Axelle Davezac, directrice générale de la Fondation de France. La très grande majorité (94 %) des organismes interrogés s’estiment en effet capable de gérer facilement l’évolution de la demande, un niveau équivalent à la moyenne mondiale.
Autre marque d’agilité et de résilience des acteurs français de l’intérêt général : la possibilité de faire face à une soudaine baisse de source de revenus. 72 % des sondés se disent confiants pour y parvenir, contre 64 % au niveau mondial. Un niveau de confiance élevé qui reflète, selon l’étude, les capacités de planification et de gestion efficaces des acteurs de l’intérêt général en France.
Des équipes solides mais une crise du bénévolat
Malgré les difficultés financières, l’étude met en avant plusieurs forces structurelles des organisations françaises, à commencer par la qualité et la stabilité des équipes. Si 54 % des acteurs français de l’intérêt général interrogés jugent difficile de recruter des profils qualifiés, ce niveau est bien inférieur à la moyenne mondiale (72 %). La fidélisation s’avère également plus aisée : seulement 24 % des dirigeants français d’organisations sans but lucratif (OSBL) y voient une difficulté, contre 50 % dans le monde.
Citant deux directrices d'associations, l’étude met en avant une approche centrée sur la dimension humaine (propositions de formations, horaires flexibles, communication transparente…) pour expliquer la fidélisation plus importante des salariés d’OSBL en France.
Le secteur exprime également une grande confiance dans les équipes : 70 % des dirigeants d’OSBL en France les trouvent bien organisées et 74 % estiment qu’elles sont capables d’apprendre, d’évoluer et de se développer.
Le tableau est plus sombre du côté du bénévolat. Seules 26 % des organisations parviennent à recruter facilement des bénévoles, contre 54 % au niveau mondial. Une difficulté mise en avant dans le Baromètre du Bénévolat 2025 publié par France Bénévolat : la proportion de Français engagés bénévolement dans une association est passée de 25 % en 2016 à 21 % en 2025, notamment en raison du moindre engagement des seniors, des générations clés pour le secteur associatif.
La relation au secteur privé est une autre spécificité française. Seulement 55 % des organisations françaises jugent importants les partenariats avec des entreprises, un niveau très inférieur à la moyenne mondiale (71 %), ce qui prive le secteur de nouveaux financements et d’opportunités de coopérations stratégiques selon le rapport.
Une forte dépendance à l’État
À l’inverse, la dépendance vis-à-vis de l’État demeure très forte : 93 % des dirigeants estiment que le gouvernement compte sur eux pour assurer des services qu’il ne finance pas, contre 66 % à l’échelle mondiale. Une majorité (55 %) considère également que l’État complique leur action, même si 65 % jugent la réglementation globalement efficace.
Particularité notable : 19 % des acteurs français disent ne pas savoir si le cadre réglementaire est efficace, un niveau presque cinq fois supérieur à la moyenne mondiale (4 %), et qui traduit, selon l’étude, une certaine distance vis-à-vis des pouvoirs publics.
Enfin, le second volet du World Giving Report 2025 met en lumière la difficulté des acteurs français de l’intérêt général à mesurer et à communiquer efficacement leur action. Si 92 % d’entre eux jugent leur mission claire en interne, ils ne sont plus que 79 % à la trouver bien comprise à l’extérieur, un pourcentage inférieur à la moyenne mondiale (86 %). La mesure d’impact reste également très limitée : seules 12 % des OSBL françaises estiment leur mesure d’impact très efficace (28 % au niveau mondial) et 6 % jugent communiquer leur impact très efficacement (22 % au niveau mondial).
Des chiffres qui font écho à une des conclusions du premier volet du World Giving Report 2025 sur la générosité : les Français sont prêts à soutenir davantage l’intérêt général mais à condition de mieux comprendre l’utilisation de leurs dons et l’impact concret des actions menées.
Le rapport publié l’été dernier, qui classe la France au 97e rang des 101 pays les plus généreux, a mis en lumière d’autres spécificités de la générosité en France. « La comparaison internationale révèle un lien intéressant entre le modèle social d'un pays et la nature de sa générosité. En France, où l'État-providence reste particulièrement présent, les personnes ont tendance à donner moins d'argent que dans le reste du monde », explique Axelle Davezac, précisant que les personnes interrogées en France sont toutefois « légèrement plus enclines que le reste des Européens à faire du bénévolat pour des acteurs de l’intérêt général, ce qui reflète l’importance accordée à la liberté d’association en France, ancrée dans la loi de 1901 ».
Retrouvez le rapport Charity insights - France (en français)