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Renforcer la philanthropie à l’échelle européenne

22 juillet 2022

Par Axelle Davezac, directrice générale de la Fondation de France

Cet article a initialement été publié sur le blog du magazine Alliance.

portrait axelle davezac 2021Que ce soit lors de l’Académie européenne de philanthropie stratégique, initiée par la Fondation de France et le Centre en philanthropie de l’université de Genève ou au Forum Philea à Barcelone, les acteurs du secteur philanthropique ont été au printemps invités à réfléchir et échanger sur les perspectives, défis et opportunités auxquels la philanthropie, et plus largement la société civile, sont confrontés.
Enrichissantes et instructives, ces rencontres nous ont aussi fait prendre conscience de l’urgence de mieux replacer l’action philanthropique dans le contexte social, politique et environnemental actuel pour une réflexion plus globale sur son rôle.

Aujourd’hui, avec un peu de recul, trois sujets émergent et sont prioritaires parce qu’ils participent de manière directe ou indirecte à toutes les actions et réflexions actuelles du secteur, en Europe.
Premièrement, il est nécessaire de promouvoir des sociétés inclusives et plus égalitaires. Ces dernières années, nous avons vu des mesures prises par plusieurs gouvernements en Europe pour réduire les droits et libertés de populations spécifiques tels que les migrants ou les minorités. La pandémie de Covid-19 a révélé les profondes inégalités socio-économiques qui caractérisent nos sociétés. Développer l’inclusion et l’équité semble plus que jamais urgent, au risque de voir nos sociétés se fragmenter encore plus.

La sphère numérique est un autre domaine qui requiert notre implication. Qu’il s’agisse de la relation entre les gouvernements et les GAFAM, de la fracture numérique qui marginalise les groupes déjà isolés ou exclus de l’accès à l’information, des fake news ou de la censure des médias… La transition numérique est en cours dans le monde entier, et le secteur doit définir plus clairement son rôle afin de faciliter par exemple l’accès au numérique pour tous, ou encore contribuer à la pluralité de l’information.

Enfin, il est urgent d’agir pour le climat. La situation est tragique, et nous le savons depuis longtemps. Même si le secteur s’est largement engagé sur cette question, comme en témoignent les diverses coalitions internationales et nationales ainsi que le terme même de « philanthropie environnementale », le climat a besoin de notre secteur.

Nous devons nous questionner sur la manière dont les fondations travaillent au quotidien sur ces trois grandes causes transversales. Comment peuvent-elles les ancrer davantage dans leurs pratiques, quel que soit leur domaine d’action ? Nous pouvons esquisser trois éléments de réponse, fruits des discussions récentes.

Tout d’abord, le besoin indispensable de développer des approches systémiques pour comprendre l’origine des difficultés sociales et environnementales, leurs causes historiques et politiques, mais aussi leurs conséquences. Il s’agit pour le secteur philanthropique ainsi que la société civile de développer une plus grande connaissance – pratique ou académique – des sujets sur lesquels nous travaillons afin de favoriser une action qui s’attaque aux racines des problèmes.

Le secteur doit également développer fortement les collaborations afin de confronter les regards et les expertises pour innover et favoriser un changement aussi pertinent que possible. Les trois questions clés mentionnées ci-dessus doivent être abordées collectivement par l’ensemble du secteur et elles nécessitent des réponses européennes – voire mondiales pour certaines. Il est essentiel que nous nous engagions aux côtés d’autres parties prenantes : les autorités publiques, la société civile, les organisations citoyennes et le monde de la recherche. Nous ne devons pas craindre le débat, car c’est précisément de cette manière que nous parviendrons à une compréhension fine des sociétés et de leurs besoins, ainsi qu’à l’élaboration des solutions nécessaires pour construire une planète plus durable et plus juste.

Le dernier aspect que je souhaite mentionner ici concerne la gestion du temps dans les fondations. La crise environnementale nous montre qu’il n’y a malheureusement pas de temps à perdre. Certes, nous devons prendre le temps nécessaire à la réflexion, mais nous devons aussi agir – et cela signifie développer notre capacité à mobiliser nos ressources aussi bien dans le temps court des urgences et des crises, que dans le temps plus long de construction de réponses durables.

Les discussions et les échanges à l’échelle européenne montrent que nous déployons de nombreux moyens pour analyser et résoudre les réalités complexes dans lesquelles nous intervenons. Toutefois, il est urgent que le secteur fasse davantage et différemment, en veillant à créer les conditions optimales pour travailler ensemble à la réalisation de notre objectif commun : construire un monde plus durable, plus équitable et plus inclusif. Parce que le secteur dispose d’un potentiel incroyable et d’énormes ressources, nous devons nous assurer de tout mettre en œuvre ensemble pour atteindre notre ambition commune.