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Numérique : le pari philanthropique

3 octobre 2018

« Comment le numérique transforme-t-il la philanthropie ? » : c’était le sujet du débat organisé le 2 octobre 2018, par la Fondation de France, Facebook France et la banque privée Lombard Odier. Quels progrès ? Quels risques ? Regards croisés sur une révolution… tous azimuts.

Axelle Davezac : pour une société numérique… humaine

 

Axelle Davezac est directrice générale de la Fondation de France.« Pour accompagner nos fondations sous égide, pour mieux communiquer avec nos donateurs… les outils numériques sont des accélérateurs d’efficacité. Mais plus encore, le numérique peut être au cœur de l’action philanthropique, au service des plus fragiles. Un exemple ? Je rentre de l’île de Saint Martin, qui se reconstruit après le passage du cyclone Irma. Sur ce territoire isolé, démuni, les questions d’accès à la santé et à la formation sont critiques. Nous soutenons des projets de télémédecine et d’e-éducation qui apportent de vraies réponses. Mais attention, le développement d’une société du numérique peut aussi être un facteur d’exclusion… Ne soyons ni béats ni naïfs : restons vigilants, pour que ces outils soient mis au service de l’inclusion, de l’humain ! »

Antoine Bordes : pour une Intelligence artificielle… ouverte à tous

 

Antoine Bordes est directeur du Centre Européen de Recherche en AI chez Facebook.« Pour Facebook, mettre le numérique au service de l’intérêt général, c’est bien sûr accompagner les acteurs de la philanthropie dans la maîtrise des outils de collecte et de constitution de leurs bases donateurs… Mais au-delà de cette « éducation », notre philosophie en matière de recherche privilégie l’ouverture. Ainsi notre laboratoire en intelligence artificielle met-il ses résultats à disposition de tous, en open-source. Toutes les associations peuvent s’en saisir pour inventer de nouveaux services, pour rendre leurs actions plus efficaces. »

Denis Pittet : pour un altruisme… efficace

 

Denis Pittet est Président de la Fondation Philanthropia et Associé Gérant du Groupe Lombard Odier.« Philanthropie et numérique ? Beaucoup voient se rapprochement comme improbable ! En réalité, les convergences entre ces deux mondes sont extrêmement fortes et prometteuses. La place de la philanthropie privée, complémentaire de l’action publique, ne cesse de croître. Elle apporte un regard neuf sur les questions d’efficience, une culture professionnelle qui valorise un altruisme efficace, et qui se saisit naturellement de ces nouveaux outils. Un exemple : nous soutenons deux projets dans la lutte contre le cancer. L’un pour le développement d’un robot chirurgical, l’autre autour de la collecte et du traitement des data cliniques…  Deux démarches à forte dimensions technologique, scientifique… et surtout humaine ! »

Olivier Mathiot : pour des engagements… partagés

 

Olivier Mathiot est co-Fondateur & PDG Rakuten PriceMinister.« La révolution digitale touche tous les pans de notre vie, et nous permet d’introduire du sens, de l’engagement dans tous les domaines. Comme citoyens : nous pouvons nous exprimer, peser, agir… bien au-delà du bulletin de vote. Comme consommateurs : nous disposons d’information sur l’origine, la qualité et la fabrication des produits … et nous pouvons acheter utile/éthique. Comme salarié : la recherche de sens dans le travail devient de critère N°1 des jeunes générations ! La révolution numérique favorise ainsi la diffusion d’un engagement largement partagé, permettant des millions de micro-gestes, qui finissent par peser. »

Frédéric Bardeau : pour une économie… inclusive

 

Frédéric Bardeau est Président et cofondateur de Simplon, France« En France 15 millions de personnes sont exclues de la révolution numérique. Il y a là un énorme gâchis de talents… D’autant que les besoins en compétences informatiques sont loin d’être pourvus. Simplon.co développe des écoles situées dans les zones en difficulté, et propose à ces personnes des formations au codage, qui débouchent sur des emplois, y compris en zones rurales ! Selon la manière dont notre société et nos politiques l’aborderont, le numérique peut donc être un facteur de ségrégation… ou une chance pour ces hommes et ces femmes en situation d’exclusion. »