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Compagnie Tamèrantong! : bien plus que du théâtre !

2 octobre 2024

Soutenue par la Fondation de France depuis sa création en 1992, la compagnie Tamèrantong! forme au jeu d’acteur des jeunes des quartiers populaires tout en leur apprenant à devenir des citoyens du monde.

Faire de la pratique théâtrale une école de la vie pour les enfants et les adolescents des quartiers populaires est l’ambition qui anime depuis plus de trente ans la compagnie Tamérantong! Et c’est une réussite : la structure, née dans le quartier de Belleville à Paris à l’initiative de la comédienne Christine Pellicane et d’un collectif d’artistes, est devenue une référence. Présente aujourd’hui à Saint-Denis (93), Mantes-la Jolie (78) et Paris, elle affiche un répertoire de plus de 100 créations théâtrales qui embarquent chaque année une centaine de jeunes apprentis acteurs de tous âges dans une formidable aventure artistique qui dépasse la simple pratique théâtrale. Au-delà des planches, le pari de Tamèrantong! est en effet de favoriser chez les jeunes l’ouverture culturelle, le respect de l’autre, l’autocritique et bien d’autres valeurs citoyennes.

Du théâtre pour apprendre à vivre ensemble

« Cette vocation à la fois artistique, culturelle, éducative et sociale est au cœur de la démarche de la compagnie, rappelle Gabriel Gau, responsable de la coordination. Pour cela, nous travaillons en lien étroit avec les partenaires éducatifs (écoles, collèges, centres sociaux et associations de quartier) mais aussi les familles que nous tentons d’impliquer au maximum. Cet ancrage est fondamental pour la réussite du projet. »

La diversité de la troupe est aussi une des marques de fabrique de la compagnie. Les enfants ne sont pas sélectionnés par casting mais en fonction de leur profil afin que la troupe soit à l’image du quartier. « Dans chaque groupe, on veille à ce que la parité filles-garçons soit respectée, tout comme la mixité sociale, culturelle ou religieuse car c’est cela qui permet la vraie rencontre et l’émulation », souligne Gabriel Gau.Les jeunes comédiens de la compagnie en répétition publique, Plaine Saint-Denis. Juin 2024.

En plus des répétitions hebdomadaires nécessaires à la préparation du spectacle, un accompagnement global et mené sur la durée permet à la jeune troupe d’apprendre à jouer et vivre ensemble : séjours collectifs de création loin du quartier, sorties culturelles, ou encore temps de parole après chaque séance de travail scénique. « Ces moments qu’on appelle les Conseils des tongs sont très importants, ils offrent à chacun l’occasion de s’exprimer et de partager ses émotions, ses difficultés, ses questionnements ou parfois de gérer un différend au sein de la troupe. L’écoute et le respect y sont la base. On s’inspire des Indiens du Mexique que nous avons rencontrés pour un de nos spectacles. Pour eux, la parole est un droit mais aussi un devoir », explique Gabriel Gau. Beaucoup de conflits et tensions qui existent dans le monde, dans nos quartiers, dans nos écoles, dans nos familles, sont liés à une incapacité à s’exprimer. Les Conseils des tongs encouragent cette parole, et ce dès le plus jeune âge », conclut-il.

L’exigence artistique comme socle

Si la compagnie Tamèrantong! a su développer depuis toutes ces années un dispositif socioculturel et pédagogique hors norme qui aide les enfants à gagner en confiance, à s’ouvrir au monde, et même à se remobiliser au niveau scolaire, cette démarche ne s’est pas faite au détriment de l’ambition artistique. Bien au contraire. Le choix du répertoire, l’exigence de qualité de chaque production, qui peut mobiliser la troupe de 1 à 3 ans, participe à sa réussite. « Les spectacles que nous présentons, nous les voulons à la hauteur d’une troupe professionnelle, insiste Gabriel Gau. Cette exigence artistique est aussi une façon de montrer un autre visage de la jeunesse des quartiers, de prouver qu’elle peut faire de grandes choses si on lui donne les moyens et qu’on lui fait confiance. »

Pour composer son répertoire, la compagnie va puiser dans les grands classiques du théâtre, les contes traditionnels, les légendes ou les genres cinématographiques. Chaque œuvre est choisie en résonnance avec l’actualité, puis retravaillée avec les enfants. Par exemple, l’adaptation théâtrale du western « Le Bon, la bête et le truand » faisait écho aux émeutes de 2005 dans les banlieues françaises. La pièce permettait ainsi de jouer avec les figures du bon et du méchant pour mieux les déconstruire et dénoncer le manichéisme ambiant.

Tamerantong2 cdt Sébastien LefebvreLes jeunes comédiens de la compagnie en répétition publique, Plaine Saint-Denis. Juin 2024.

Du Shakespeare en 2025 !

En perpétuelle évolution, la compagnie inaugure cette année une première troupe intergénérationnelle qui regroupe des jeunes âgés de 5 à 26 ans, ainsi que des comédiens professionnels. Depuis plusieurs mois déjà, les séances de travail ont débuté autour du prochain spectacle : une adaptation du « Songe d’une nuit d’été » de William Shakespeare. Cette pièce sera l’occasion d’une nouvelle aventure théâtrale où s’entrecroiseront « le peuple des quartiers » et « le peuple de la forêt », les Sylphes Sylves…

« C’est une œuvre qui permet d’aborder beaucoup de choses, explique Gabriel Gau. D’abord, elle commence par une séquence de Krump qui permettra aux jeunes, encore largement marqués par les confinements liés au Covid, de libérer leur énergie vitale et de laisser s’exprimer leurs corps … Il sera également question de la rencontre entre deux peuples que tout oppose, du mariage forcé et des vieilles traditions mal comprises, mais aussi de la nature en danger et de la nécessité de la défendre. »

Rendez-vous est pris pour 2025, où toute la troupe se produira à La Plaine Saint-Denis puis à la Cartoucherie, à Paris.

Dates : 17, 18 et 19 janvier 2025 aux 3T / Théâtre du 3e Type (La Plaine Saint-Denis). Et du 3 au 6 avril 2025 au Théâtre de l’Epée de Bois / Cartoucherie (Paris 12e)

© Crédit photo : Sébastien Lefèbvre


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