Philanthropie : du silo au réseau
Comment mettre du collectif dans le moteur de la philanthropie ? À Lyon, les 15 et 16 novembre 2018, plus de soixante fondateurs ont travaillé sur l’organisation et l’animation de leurs communautés respectives. C’était la seconde édition des Rencontres des fondateurs, organisées par la Fondation de France. Morceaux choisis.
Un réseau… gagnant-gagnant
Anne Lambin, Fondation Roquette pour la santé :
Notre fondation d’entreprise est encore jeune, elle soutient depuis 2017 des actions innovantes liant alimentation et santé, en France et dans le monde. Le réseau a été déterminant au démarrage, pour identifier les bonnes pratiques. Il s’est très vite constitué en mobilisant un club de fondateurs de la région Nord, le réseau Fondation de France, mais surtout notre réseau naturel de collaborateurs. Avoir 20 sites de production dans le monde, c’est un ancrage précieux pour faire remonter les projets. Dans un premier temps, nous avons donc sollicité le réseau. Aujourd’hui, nous voulons devenir contributeur, apporter nos propres retours d’expérience, participer à cette professionnalisation collective !
Mettre les acteurs en réseau !
Pascal Vinarnic, Fondation Demeter :
La Fondation Demeter a été créée en 1994. Notre principal champ d’action aujourd’hui : l’accompagnement des « jeunes à risques » dans le monde, avec une attention particulière aux personnes sortant de prison. Avec près de 100 000 personnes sortant de prison chaque année, si les associations travaillent en ordre dispersé, il sera impossible de relever le défi de la réinsertion. C’est dans ce cadre que nous avons organisé, avec la Fondation de France, un séminaire réunissant des associations de réinsertion et des philanthropes.
L’occasion de réaliser que tous les acteurs sollicitent les fondations avec les mêmes besoins en termes d’outils, d’études, etc. Le travail en réseau permet de dégager des pistes de mutualisation et de partage, pour travailler tous plus efficacement !
Un réseau… pour quoi faire ?
Charlotte Chenevier-Goron, Fondation Chenevier-Goron :
La fondation a été créée en 2014 à l’initiative de mes parents. Elle incarne leurs convictions et plus largement celles de l’entreprise familiale en matière de responsabilité sociétale. Son objet est ouvert : la lutte contre toutes les formes d’exclusion, en soutenant en France et à l’étranger des organismes permettant l’accès à la sécurité, à l’éducation, à la santé et à la culture. Mais comment identifier les bons projets, surtout quand on ambitionne d’agir à plusieurs milliers de kilomètres de chez soi ? Pour répondre à cette question, j’ai entamé un tour du monde pendant deux ans, traversant 14 pays, à la recherche des associations qui font bouger les choses, dans le domaine de la protection de l’enfance. Ce sont finalement ces rencontres "ouvertes" qui nous ont aidés à circonscrire notre objet. Certaines des associations rencontrées à cette époque sont encore nos partenaires ! J’anime un podcast, "Aujourd’hui", qui donne la parole à ces acteurs… une autre façon de voyager et d’entretenir notre réseau !
Le réseau… accélérateur de changement
Romain Ferrari, Fondation 2019 :
La coopération est dans l’ADN de la Fondation 2019, par son objet même : relier économie et écologie. Notre levier, c’est le développement de nouveaux outils économiques (outils de mesure, outils fiscaux…) qui accélèrent la transition écologique et solidaire. Nous faisons donc travailler ensemble des chercheurs, des acteurs publics, des agences spécialisées, qui inventent d’autres manières d’évaluer la valeur économique et de la taxer en fonction de son impact sur l’environnement et le social. Pour réorienter ainsi l’économie, la coopération sera vitale. Tous les acteurs vont devoir modifier leurs pratiques, parfois radicalement ! L’évolution des lois est indispensable, mais si elle n’est pas préparée par un travail en réseau, elle se heurte à une résistance, provoque des conflits, des blocages. Pour que le changement soit non seulement légal, mais aussi légitime, le travail en réseau est incontournable.
Les rencontres des fondateurs à Lyon
64 fondateurs participants, représentant 43 fondations abritées par la Fondation de France
24 heures de séminaire
3 ateliers : identifier son réseau / co-construire un projet philanthropique / suivre et mesurer ses projets
8 rencontres avec des porteurs de projets soutenus par les fondations dans la région lyonnaise