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Odon Vallet, l’homme qui fait grandir les talents

9 décembre 2019

Le 10 décembre 2019, la fondation Vallet fête ses 20 ans. Rencontre avec son président, Odon Vallet, qui dresse le bilan d’un engagement continu au service de la jeunesse et de l’éducation.

La fondation Vallet est née en juin 1999. Quel a été l’élément déclencheur de sa création ?

J’avais 50 ans quand, avec mon frère, nous avons hérité d’un patrimoine important. Nous n’avions pas d’enfant, et un désir de transmission. J’étais enseignant à Sciences-po puis à Paris 1, donc naturellement concerné par la question de l’accès à l’éducation, et nous souhaitions construire un projet qui ait du sens dans la continuité de notre histoire familiale. Or mon père, décédé accidentellement lorsque j’avais 6 ans, avait fait une carrière brillante dans les assurances, malgré des origines extrêmement modestes, et en se battant pour parvenir à mener des études. L’idée d’aider les jeunes doués et défavorisés à suivre une formation s’est imposée assez naturellement ! Avec la création d’un dispositif ambitieux de bourses d’études

Premier champ d’action, dès 2000 : les écoles d’art, puis des lycées d’arts appliqués. Pourquoi ce choix ?

Ce premier engagement est le fruit d’une rencontre avec les enseignants de l’Ecole Estienne. J’ai découvert le coût très élevé du matériel d’arts graphiques, qui pouvait écarter certains jeunes talentueux mais sans soutien familial. Et puis paradoxalement, mon père étant un scientifique, ma mère une littéraire, il n’y avait pas de tradition familiale dans le domaine artistique… Cela garantissait ainsi une totale neutralité !

Vous vous tournez ensuite vers l’international, avec la mise en place de bourses Vallet au Vietnam en 2001 puis au Bénin en 2003. Avec quel bilan ?

Là encore, il s’agit de pays que je connaissais par mon activité professionnelle, surtout le Vietnam. Mais également d’un choix rationnel, fondé sur l’analyse du terrain. Le Vietnam a une tradition confucéenne, rigoureuse, qui valorise l’éducation et le savoir. Le Bénin est un pays démocratique, stable et multiconfessionnel, qui offrait un cadre sécurisant pour développer un système de bourses à grande échelle. Car je souhaite qu’au-delà des destins individuels, la Fondation Vallet ait un impact systémique et durable. Avec 65 000 bourses délivrées en 20 ans, 39 000 au Vietnam, 17000 au Bénin et 9 000 en France, on peut comparer son action à celle d’un jardinier. Il sème de jeunes pousses. Devenues grandes elles forment un jardin, ou une forêt : un écosystème qui développe sa propre dynamique. Aujourd’hui, nos anciens boursiers sont des hommes et des femmes qui soignent, qui éduquent, qui gèrent des entreprises, des services publics… et qui « rendent » ainsi ce qui leur a été donné. Lors du dernier dîner des Alumni Vallet, au Vietnam, j’ai rencontré l’un de nos boursiers, qui mène une carrière brillante dans la banque… et qui finance à son tour des bourses pour les jeunes en difficultés ! C’est la plus belle des récompenses. 90% de la jeune élite vietnamienne et béninoise sont nos anciens boursiers et la très grande majorité restent dans leur pays pour participer à son développement.

Sur quels critères les bourses Vallet sont-elles délivrées ?

Très simplement, sur critères d’excellence, attestée par le rang de classement aux examens nationaux. Nous versons, au Bénin, une bourse du 1er au 70e  admis au BEPC, et aux cinq premiers de chaque série du baccalauréat. C’est une mécanique automatique, qui écarte les risques de « triche ». De même au Vietnam, nous remettons des bourses aux meilleurs élèves des meilleurs lycées et universités de toutes les provinces. Nous ajoutons à cela un effort particulier en direction des petites villes, des écoles publiques, des jeunes issus de « villages d’enfants SOS au Vietnam » … dans un esprit de discrimination positive. Et nous veillons bien-sûr à la parité filles-garçons. 

Et puis, troisième étape, l’action en faveur de la lecture…

Oui, et elle est naturellement complémentaire au financement des bourses. Car comment étudier sans livre et sans accès au savoir en ligne ? Nous venons d’inaugurer deux établissements à Abomey-Calavi, la capitale scolaire et universitaire du Bénin. Il s’agit des huitième et neuvième bibliothèques de notre réseau, créé dans ce pays en plus de 10 ans. Avec 1,5 million de lecteurs par an, là encore, nous avons un impact significatif et mesurable : les jeunes qui fréquentent régulièrement nos établissements multiplient par 2,5 leurs chances de succès au baccalauréat. Il s’agit du plus grand réseau de bibliothèques de toute l’Afrique francophone et du seul réseau au monde à avoir une progression de 20% de lecteurs par an.

Ces 20 ans d’action philanthropique vous ont-ils permis de dégager quelques enseignements… à partager avec les nouveaux fondateurs ?

Trois principes clefs à mes yeux : liberté d’action, concentration des forces, économie de moyens… comme à la guerre ! Car c’est une guerre contre l’injustice que nous menons, et elle exige de la méthode. La liberté, c’est la force de la philanthropie et sa complémentarité avec l’action publique. J’ai agi au fil de rencontres, la fondation reste une organisation agile, et nous avons « appris en marchant ». La concentration des forces est indispensable pour atteindre les effets de seuils sans lesquels vous n’avez pas d’impact. Il faut choisir un nombre de causes limité, et s’y tenir durablement. Enfin, l’économie de moyens, c’est un principe universel de bonne gestion, mais d’autant plus impératif que chaque euro dépensé en fonctionnement est un euro qui ne va pas à la cause. A ce titre, être abrité par la Fondation de France est une mesure de bonne gestion, qui simplifie la vie du fondateur, et lui donne accès à un réseau sans équivalent !

L’éducation… mais aussi la santé en prison

Depuis 2017, la Fondation Vallet se mobilise également aux côtés de l’association Bénin Excellence pour financer des services de santé et d’éducation auprès des détenus au Bénin. « Car la prison, c’est le lieu ultime de la misère, souligne Odon Vallet. Les centres de détention en Afrique sont des « bibliothèques de microbes », les médecins peuvent y combattre des épidémies de tuberculose, de gale, ou de varicelle, qui font des ravages. Ils sauvent des vies humaines chaque semaine. Nous intervenons dans presque tous les établissements, auprès de 7000 détenus. » Avec bien sûr, un volet éducation pour aider les mineurs incarcérés à préparer le BEPC et le BAC en vue de leur sortie et de leur réinsertion.

La fondation Vallet en chiffres

  • 3 pays : France, Vietnam, Bénin ;
  • 65 000 bourses délivrées en 20 ans ;
  • montant moyen de chaque bourse : entre 6 mois et un an du salaire minimum du pays concerné ;
  • taux de succès aux examens : 99% ;
  • 4 partenariats : avec les lycées Henri IV, Louis-le-grand, Saint-Louis et Jean-Baptiste Say.