Santé des jeunes : soutenir les jeunes en souffrance psychique
Contexte
L’adolescence se caractérise par une période d’opportunités mais aussi de vulnérabilités particulières accrues par des inégalités économiques, sociales ou territoriales qui n’épargnent pas les jeunes. Ces vulnérabilités peuvent entrainer une détresse propice aux conduites à risque et à l’émergence de différents troubles psychiques, plus ou moins graves. En outre, les premiers symptômes des troubles psychiatriques chroniques surviennent souvent à l’adolescence ou à l’entrée dans la vie adulte. Le repérage précoce de ces différents troubles est un enjeu majeur car il est un facteur déterminant pour l’efficience de la prise en soins des patients et de leurs familles.
A ce contexte de fragilité propre à l’adolescence, s’ajoute l’impact des effets de l’épidémie de Covid-19 sur la santé mentale des jeunes. Pour certains d’entre eux, le confinement et ses conséquences ont pu être des révélateurs ou des accélérateurs d’une grande souffrance psychologique : stress et angoisse liés à la peur de la contamination auxquels sont venus s’ajouter les tensions familiales, l’isolement social, la rupture de prise en charge et d’accès aux dispositifs de droit commun ou encore l’exacerbation du sentiment de solitude.
A la suite des confinements successifs et de l’installation dans le temps de cette crise sanitaire, certains signaux de dégradation de leur santé mentale, tels que la démotivation, le décrochage scolaire, le repli, le refus scolaire anxieux, ont été constatés par des professionnels de l’Education nationale, des pédiatres, pédopsychiatres et de nombreux parents. Le système de surveillance de Santé publique France a confirmé ces signaux à l’échelle nationale, avec une aggravation de la situation début 2021.
D’une manière générale, ces données montrent, depuis début 2021, une augmentation des passages aux urgences pour gestes suicidaires, idées suicidaires et troubles de l’humeur chez les 11-17 ans. Les enfants de 11-14 ans sont les plus impactés. Fin 2021 et début janvier 2022, les passages pour troubles de l’humeur tendent à retrouver des niveaux comparables à ceux des années antérieures contrairement aux passages pour idées et gestes suicidaires qui restent à des niveaux nettement supérieurs.
Par ailleurs, Si le confinement a entraîné une baisse des consommations de substances psychoactives pour un grand nombre de personnes, dont les jeunes (Etude TREND, OFDT), l’utilisation des écrans s’est amplifiée, comme le confirme une étude en ligne réalisée par Harris Interactive pour l'association Assurance Prévention/IRMES avant et après le confinement. Or l’usage excessif des nouvelles technologies (jeux vidéo, internet…) peut entraîner un comportement addictif chez les jeunes avec des conséquences sur leur santé physique et psychique, leur vie sociale et affective.
Repérer, diagnostiquer et orienter rapidement vers des professionnels qualifiés ces jeunes qui le plus souvent n’expriment aucune demande spontanée, permet de prévenir des crises aux conséquences parfois dramatiques et d’accompagner des situations avant qu'elles ne s'enkystent et se chronicisent. Intégrer des dispositifs de soins adaptés qui tiennent compte des besoins des jeunes et qui associent leurs proches dans le cadre d’une alliance avec les professionnels de soin, permet de renforcer l’adhésion des jeunes, de limiter les effets délétères de la maladie et de favoriser leur guérison et/ou leur autonomisation.
Depuis plusieurs années, la Fondation de France aide à mettre en œuvre les conditions d’une plus grande réactivité et d’une accroche thérapeutique plus efficace en direction des jeunes en souffrance psychique (TCA, addictions, risques suicidaires, premiers épisodes de crise psychotique, traumas…).
Elle souhaite en 2023 poursuivre son action, en intensifiant son soutien au repérage et à l’orientation précoces, à l’accès et au maintien dans les parcours de soins.
Objectifs et thématiques
L’objectif de cet appel à projets est de financer des initiatives visant à :
- renforcer le repérage précoce des jeunes présentant des souffrances psychiques et/ou l’émergence de troubles psychiatriques par une approche globale ;
- faciliter l’accès ou l’adhésion aux parcours de soins1 en renforçant le maillage territorial par le développement de dynamiques partenariales intersectorielles ;
- encourager des actions de soutien aux professionnels (santé, social, éducatif…) en charge d’accompagner les jeunes et promouvoir des actions incluant leur entourage (parents, fratries, proches, …).
- la Fondation De France soutient à travers cet appel à projets le démarrage d’actions relevant de l’innovation dans le sens innovation de « rupture » : expérimentation, évaluation, et validation menant à une transformation, une modification de pratiques, de nouvelles méthodes d’interventions, ou nouveaux outils.
Les projets doivent être portés par une équipe et s’inscrire impérativement dans des dispositifs de soins formalisés. Ainsi, les projets portés par des institutions ne relevant pas des soins devront obligatoirement présenter une articulation solide avec le secteur spécialisé (par exemple, des consultations psychothérapeutiques au cœur d’institutions socio-éducatives).
Enfin, il est essentiel que les structures présentant des projets démontrent leur capacité à co-construire avec les jeunes eux-mêmes et/ou avec leurs proches la démarche de repérage ou de soins visée.
Les projets peuvent couvrir une ou plusieurs des problématiques suivantes :
- les addictions avec ou sans substance (alcool, cannabis, jeux vidéo, écrans…) ;
- les risques suicidaires ;
- les TCA (anorexie, boulimie, hyperphagie…) ;
- des troubles psychiatriques émergents (schizophrénie, troubles bipolaires…) ;
- d’autres problématiques psychopathologiques et d’autres situations de mal-être (dépression, troubles anxieux, comportements violents, psycho-traumatismes…).
Les thématiques suivantes sont exclues de l’appel à projets :
- les problématiques relevant exclusivement de la santé somatique ;
- les conduites sexuelles à risque (contraception, IST/VIH) ;
- l’hygiène alimentaire et l’obésité.
L'appel à projets « Santé des jeunes : soutenir les jeunes en souffrance psychique » est clos.
- Vous pouvez télécharger ici le rapport d'avancement ou final.
- Pour plus d'informations, vous pouvez nous contacter en remplissant ce formulaire.
- Pour consulter les appels à projet de la Fondation de France en cours, rendez-vous sur notre calendrier.
- Pour prendre connaissance des appels à projets de nos fondations abritées, consultez l’annuaire dédié.
Le comité d’experts
Membres
M. Franck BALDI
Directeur des missions éducatives, Direction Interrégionale Protection Judiciaire de la Jeunesse Sud-Est
Mme Sylvie DUTERTRE
Psychologue au sein d’IMAJE Santé à Marseille et chargée de cours en ethnopsychiatrie et psychiatrie transculturelle au sein du Master de Psychologie clinique et psychopathologie d’Aix-Marseille Université.
Mme Emmanuelle LEPINE
Psychologue, directrice clinique au sein de cabinets spécialisés dans la prévention des risques psycho sociaux
Dr Charles-Edouard NOTREDAME
Pédopsychiatre et chef de clinique universitaire au sein du CHRU de Lille
Dr Bruno ROCHER
Psychiatre, spécialiste des addictions comportementales, responsable de l'espace
M. Julien VELTEN
Proviseur de l’Unité Pédagogique Régionale, Directeur de l'Unité Pédagogique Régionale Pénitentiaire Auvergne-Rhône-Alpes
Dr Nicolas PASTOUR
Médecin psychiatre, Hôpitaux de Saint-Maurice, Responsable du centre d’accueil psychiatrique de Bastille
M. Xavier VANDERPLANCKE
Directeur de la Maison des Adolescents du Rhône