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Lila Bidaud, la philanthropie par les mots

1 septembre 2018

Il y a toujours une histoire personnelle derrière un projet, une ambition, une utopie. La preuve une fois encore avec Lila Bidaud dont l’enfance a déterminé les engagements. Élevée en Algérie dans une famille traditionnelle par une mère analphabète, elle entrevoit d’emblée l’école comme un antidote à l’étroitesse de son milieu familial. « Je détestais les vacances, assure-t-elle. J’adorais apprendre et j’ai réussi à élargir mon horizon dans l’école et par l’école ».

Cette soif de savoir et de découverte ne la quittera jamais... Arrivée à Paris pour suivre des études de droit contre l’avis de son père, elle finance seule ses années d’université à coup de petits jobs et de baby-sitting. Elle se forme à la finance et entre dans un grand cabinet de conseil anglo-saxon où elle poursuit une brillante carrière et devient avocate tout en restant fidèle à ses valeurs. Le combat pour les droits des femmes, la lutte contre les déterminismes sociaux, la nécessité d’agir et de s’engager…

En 2015, elle décide – avec l’adhésion de son mari et de ses enfants – de créer la Fondation Lire et Comprendre, qu’elle abrite à la Fondation de France, choisie pour son expertise, sa fiabilité mais aussi la qualité des échanges qu’elle noue d’emblée avec l’institution.  

Concrètement, la Fondation Lire et Comprendre soutient des projets d’aide aux enfants de milieux défavorisés qui rencontrent des difficultés d’apprentissage en lecture, et ceci dès le cours préparatoire. « Pour lutter contre le fameux décrochage qui concerne chaque année près de 140000 jeunes, il faut agir au plus tôt, martèle Lila Bidaud. Les enfants qui décrochent durant leur scolarité sont ceux qui ne maîtrisent pas la lecture, ce qui affecte la compréhension dans les autres matières. » Chaque année, la fondation lance un appel à projets, reçoit une trentaine de dossiers dont une dizaine est sélectionnée. Toutes les associations choisies travaillent en lien avec les enseignants et les familles. Certaines œuvrent dans l’école, d’autres dans des locaux attribués par la mairie. À Mantes-la-Jolie, une association a mis au point une méthode de pédagogie par le jeu pour les enfants en difficulté. À Clamart, c’est la pédagogie japonaise du kamishibai, née après Hiroshima, qu’une autre association pratique. Elle consiste à raconter des histoires avec le support de planches à dessin. L’an passé, les élèves ont monté un spectacle autour du cirque. Ils ont ainsi acquis des connaissances mais ont aussi appris à s’exprimer en public et découvert le plaisir de travailler ensemble. Quelle que soit la méthode employée, un même résultat fait la fierté de Lila Bidaud : la plupart des enfants savent lire à la fin du CP mais surtout, ils ont élargi leur univers.