Geneviève Allier : « Exister au-delà du handicap »
« Ma fondation est née de tous les éléments qui ont fait ma vie. Le capital vient du travail de mon mari disparu, son objet prolonge mes convictions. »
Orthophoniste durant plus de 40 ans pour enfants et adultes handicapés mentaux dans le Sud-Ouest, Geneviève Allier a toujours appliqué la même méthode : traiter le trouble en faisant d’abord ressurgir chez le patient une passion, un désir enfoui qui lui permette d’exister en dehors de son handicap. « Je ne m’éloigne pas du symptôme mais je cherche quelque chose qui "accroche" le patient, le mobilise en le faisant passer du rôle de sujet à celui d’acteur. » Elle a récemment écrit un ouvrage* où elle témoigne de l’efficacité de cette pratique et en a fait le fil rouge de la Fondation Geneviève Allier, créée en 2014 et abritée à la Fondation de France. Sa vocation ? Encourager les actions culturelles et artistiques bénéfiques à la construction de la personne handicapée.
Très impliquée, Geneviève Allier étudie attentivement les projets que lui soumettent des associations. Elle soutient les ateliers de danse et de poésie animés par l’association « Le désert en ville » à Nantes, ou encore « Par Haz’art’ », qui propose une initiation à l’art du cirque dans les instituts médico-pédagogiques de la région toulousaine. Elle accompagne l’Association départementale pour le développement des arts en Tarn-et-Garonne, qui monte des spectacles avec des personnes handicapées. « Le dernier en date a réuni quatre chanteurs lyriques qui ont travaillé avec une centaine de personnes déficientes mentales. Le spectacle a été éblouissant par son esthétique, sa qualité vocale mais aussi le dynamisme et la joie qui se dégageaient de tous les participants ! » Grâce au concours Déclics jeunes organisé par la Fondation de France pour aider les jeunes à réaliser leur projet d’intérêt général, Geneviève Allier a découvert l’initiative « Accessoires d’écriture » de la designer Célia Guye, et a décidé d’être son mécène. L’objectif : créer des objets pour que les personnes porteuses d’un handicap de la main puissent tenir un stylo, et retrouvent ainsi la faculté d’écrire. Là encore, une façon de (re)construire…
*Allier Geneviève, Clinique orthophonique avec éthique psychanalytique, L’Harmattan, 2020.