La participation, accélérateur d’innovation sociale
Le 14 novembre à Montreuil, la Fondation de France réunissait quelque 150 associations engagées dans des démarches participatives. En ville comme en zone rurale, dans les domaines de la santé, de l'écologie, de l'habitat… la participation est partout et est un gage d'efficacité des actions menées. Chacun, quelle que soit sa condition, peut apporter sa pierre à la construction de notre société. Explorez ces territoires de participation !
A Nice, une « fabrique » de participation
Pour agir collectivement sur les problèmes du quartier et de ses habitants : donnons la parole à ceux qui ne l’ont jamais ! C’est le fil rouge des actions menées depuis 2014 par l’association La ManuFabrik, dans le quartier de l’Ariane, à Nice. « Relations avec l’école, avec les bailleurs sociaux, avec les services de la mairie, emploi, solidarité, recyclage… tous les sujets peuvent être mis sur la table », explique Christophe Giroguy, l’un des animateurs du projet. Tous, mais pas n’importe comment. Pour favoriser la prise de parole de tous les citoyens impliqués, l’association déploie une boite à outils originale qui facilite la discussion et l’élaboration de solutions : théâtre-forum, repas convivial, débat mouvant ou encore ateliers d’échanges de savoirs ! Au-delà des mots, la ManuFabrik accompagne aussi le passage à l’action avec la réhabilitation collective de logements, l’ouverture de lieux hybrides entre café, friperie et bibliothèque … Là ou s’imaginent « les futurs possibles » pour mieux vivre ensemble.
Retrouvez la Manufabrik le 14 novembre aux rencontres Voix d’avenir
PoliCité : entre les jeunes et la police, un dialogue est possible.
D’un côté, les jeunes de Vaulx-en-Velin, dans la banlieue de Lyon. De l’autre, la police et la gendarmerie. Entre ces groupes, une longue expérience d’incompréhension et de tension mutuelle. Les forces de l’ordre pointent des comportements de fuite et d’agression, les jeunes parlent de harcèlement et d’abus de pouvoir. « Cette situation banale est apparue comme le sujet de préoccupation numéro 1 des habitants quand, en 2016, nous avons monté un projet de recherche autour des discriminations.», raconte Samia Bencherifa, coordinatrice de projet jeunesse, au Centre social Georges Lévy. De ce constat est né le projet PoliCité ! Au programme : former 15 jeunes aux méthodes d’enquête sociologique, mener un travail de réflexion sur les causes du délitement des liens entre police et population, mais aussi proposer des solutions. Le diagnostic a débouché sur une série de rencontres, de débats entre habitants du quartier et forces de l’ordre. « Et sur des propositions ! précise Samia. Par exemple une charte des droits en cas de contrôle d’identité, l’auto-organisation des habitants pour occuper le terrain à la veille du 14 juillet, soirée traditionnellement marquée par des « mini-émeutes » , ou encore l’entrée des jeunes dans les conseils de quartier.» Aujourd’hui, le projet se poursuit, avec une nouvelle génération de jeunes apprentis-sociologues, qui créent « le grand garage » : un lieu où l’on s’emploie à entretenir les relations entre la police et les citoyens ! Pour en savoir plus : Télécharger la BD Policité et retrouvez l’équipe Policité le 14 novembre à Voix d'Avenir (lien programme)
Auto-représentation : pour que notre voix compte !
A Saint-Etienne, 14 personnes atteintes de trisomie 21 ont créé l'association Ensemble Citoyens ! Chaque vendredi, le collectif se réunit pour faire entendre leur voix, et participer à la vie sociale et citoyenne. L'an dernier, les 14 membres ont présenté leur première Assemblée générale. "Ensemble, on peut s'exprimer, discuter, parler et échanger sans les parents et sans les professionnels", racontent-ils. Comme eux, 700 000 personnes sont en situation de handicap mental. Bien que le cadre législatif et le regard de la société évoluent, l'intégration de ces personnes dans le monde du travail, et plus globalement dans la vie sociale, est encore marginale. C'est pourquoi la Fondation de France soutient l'autoreprésentation, un levier pour redonner la parole aux personnes concernées, et prendre en compte leurs opinions pour toutes les décisions qui les touchent.
Retrouvez la Fédération Trisomie 21, porteur du projet Ensemble Citoyens ! le 14 novembre
En psychiatrie, quand des anciens malades deviennent soignants
« Et si l’expérience des troubles psychiques donnait des compétences spécifiques pour accompagner ceux qui traversent à leur tour cette épreuve ? » Cette idée révolutionnaire est à la source du mouvement des « pairs-aidants » en psychiatrie. Le principe ? Intégrer d’anciens usagers de la psychiatrie, après leur rétablissement et à l’issue d’une formation, dans des équipes de soin en santé mentale. L’expérience, soutenue par la Fondation de France, a débuté en 2012, en engageant trois régions-pilotes (Nord-Pas-de-Calais, Ile-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur). « Cette première phase a démontré toute une série d’effets bénéfiques : lutte contre la stigmatisation des malades et ex-malades, développement du pouvoir d’agir, accélération des transformations dans les services et les soins ! » souligne Karine Pouchain responsable du programme Maladies psychiques de la Fondation de France. Le mouvement ne cesse de prendre de l’ampleur, avec la création d’une licence mention « médiateur de santé-pair », et la création de 35 postes de médiateurs de santé-pairs dans six régions au sein d’hôpitaux et de structures médico-sociales !
Retrouvez les acteurs de la pair-aidance le 14 novembre ( Animation du centre hospitalier universitaire de Clermont-Ferrand : L’accueil d’un pair-aidant dans les services d’hospitalisation)
Détenues … et journalistes !
Citad’elles est une revue… pas tout à fait comme les autres : elle est produite par des détenues en longue peine au centre pénitentiaire de Rennes, avec l’aide de graphistes et de journalistes. Une démarche de préparation à la sortie et de prévention de la récidive « Coproduire une telle publication, c’est travailler en équipe et acquérir de nouvelles compétences, explique Alain Faure, coordinateur du projet pour l’association Etablissements Bollec, qui porte le projet. C’est aussi s’engager et prendre des responsabilités, dans un monde totalement dé-responsabilisant. C’est enfin développer ses capacités d’expression, traduire ses idées et ses émotions par des mots et non par le passage à l’acte. Un pas de géant pour des femmes souvent brisées par une vie chaotique et violente. Depuis le lancement du projet en 2012, 60 détenues ont participé à la production de cette revue.
Zero chômeur, 100% dignité
TZCLD : derrière cet acronyme, une idée simple : si l’on agit à l’échelle d’un territoire (le T), on peut éradiquer (le Z de zéro), le chômage de longue durée (comme CLD). Simple mais révolutionnaire, car la démarche prend le problème à l’envers des dispositifs classiques. « Ici, on ne part pas d’un produit ou d’un marché… on part des gens », explique Denis Prost, chef de projet à Pipriac en Ille-et-Vilaine. Les « entreprises à but d’emploi » réunissent des personnes en situation de précarité. Ensemble, elles identifient des services non rendus. « Ici c’est par exemple l’aménagement des abords d’un lac, le nettoyage autour des bacs-poubelles, la sécurité des écoliers, une épicerie ambulante ou un service de blanchisserie pour les chambres d’hôtes… » poursuit Denis. Et pour développer ces nouveaux services, ces entreprises du 3ème type partent des compétences et des expériences des participants. « Qu’est-ce que tu sais/aimerais faire, en quoi et à qui pourrais-tu être utile ? » Pour ces personnes devenues « invisibles » au fil du temps et des épreuves, le simple fait de poser cette question constitue une reconnaissance et ouvre un nouvel horizon : celui de l’avenir et de la capacité à agir...
Quand les « copro » engagent la rénovation
Factures qui flambent, logements dégradés, risques pour la santé… la précarité énergétique a de nombreuses conséquences négatives. Pour lutter contre les passoires énergétiques, l’association Les Amis de la Terre propose des formations et accompagne des groupes d’habitants vers des actions collectives. Objectif : enclencher la rénovation énergétique des logements. Et au passage, imposer la participation des locataires aux décisions qui les concernent !
La place de l’agriculture, ça se discute !
Sur les côtes bretonnes, les acteurs du tourisme et ceux de l’agriculture se vivent généralement comme concurrents. Or la région a besoin des uns comme des autres ! Comment mieux se connaître, mieux se comprendre et inventer une cohabitation intelligente ? Pour l’association Parchemins, créée en 2016 en Bretagne par des chercheurs de l’Inra, la réponse passe par le dialogue. Un projet qui associe travaux de recherche, débats et émissions de télévision… soutenu par le programme Mer et Littoral de la Fondation de France.
Tous observateurs de la biodiversité
Avec le changement climatique, l’érosion, les pollutions… le littoral est mis à rude épreuve ! Pour agir, il faut d’abord mesurer et comprendre les dynamiques en cours. Avec le projet « plages vivantes » les chercheurs mettent les écoles à contribution, au cœur d’un programme de sciences participatives. Des centaines d’élèves participent ainsi à la collecte de données, qui viennent nourrir les travaux des chercheurs.
Dans le Var, des « pêcheurs-chercheurs » engagés pour la Méditerranée
Face aux risques d’effondrement des stocks de poissons, le développement de pratiques de pêche plus durables s’impose. Pour adapter le niveau des prélèvements, deux solutions : imposer des quotas sans concertation, ou installer des méthodes de suivi, permettant une régulation fine. Le projet PELA-Méd dans le Var a suivi la seconde voie, en impliquant les premiers intéressés. « Tout est parti des associations de pêcheurs, qui ont déterminé trois espèces à suivre en priorité -oursins, rouget et pagre, explique Laurent Debas, responsable de l’association Planète Mer, qui pilote le projet. Deux cents artisans-pêcheurs sont concernés. Certains feront remonter les données (volume et taille des captures) et collecteront des échantillons, qui permettront aux chercheurs d’établir des constats fiables ». Objectifs in fine ? Restaurer les ressources halieutiques en zones côtières, lutter contre le braconnage, et accroitre la rentabilité des entreprises de pêches dans le Var. "Tout cela ne se fera pas contre les pêcheurs, mais avec eux », conclut Laurent Debas.
14 Novembre Montreuil
Voix d’avenir : une journée pour expérimenter, débattre… et grandir en participation !
Pourquoi la participation est-elle indispensable ?
Denys Cordonnier, président du Comité démarches participatives :
« Face aux enjeux actuels, l’expérience des "oubliés" représente un capital irremplaçable ! »
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Claire Boulanger, experte Solidarités nationales :
« Sans participation, la démocratie représentative s’asphyxie »
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Karine Pouchain, responsable du programme Maladies psychiques :
« La mixité bénéficie à tous, aux exclus comme aux « inclus », aux bénéficiaires et aux professionnels »
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Participer, l'affaire de tous !
« Participer, faire avec... C'est de cette manière que nous arrivons à imaginer des solutions qui répondent aux besoins des personnes concernées. »
Axelle Davezac, directrice générale de la Fondation de France
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