Les vœux de Pierre Sellal, président de la Fondation de France
Tirer quelques enseignements de l’année écoulée et former des vœux pour l’an nouveau sont deux participations à un rite et à des formes de civilité auxquels nous sommes tous justement attachés. Cependant, le regard rétrospectif comme l’anticipation de l’avenir sont aujourd’hui assombris : par la guerre, sur le continent européen lui-même, avec ses cortèges de victimes et de destructions, que nul avant le 24 février 2022 n’imaginait encore concevable entre deux Etats si proches par la géographie, la culture et l’Histoire ; par le poids des incertitudes et des risques de toutes natures qui pèse sur nos sociétés et sur la planète dans son ensemble.
Quels peuvent-être, dans un tel contexte, le message de la philanthropie, et singulièrement la contribution de la Fondation de France ?
C’est d’abord souligner une évidence : la multiplicité des enjeux, et aussi les liens étroits, en fait l’interdépendance, entre les sujets et les défis, qui concernent l’humanité dans son ensemble (et rappellent à ce titre l’étymologie de ce qu’est la philanthropie…), illustrent la pertinence de la vocation de la Fondation de France (qui se veut plus que jamais « au service de toutes les causes »). L’indépendance et l’ouverture qui la caractérisent sont ici les garants d’une vue globale, affranchie des cloisonnements et des partis pris.
C’est ensuite confirmer un état d’esprit et une capacité propre à se saisir de l’urgence, tout en continuant à porter le regard sur des objectifs de long terme. Ainsi, cette année encore, en parallèle des solidarités immédiates qu’appelait la guerre en Ukraine, la Fondation de France a persévéré dans ses programmes de long terme dans les domaines de la recherche, de l’éducation ou de la préservation de la biodiversité. Autant d’expressions concrètes de son appel : « il est urgent d’agir durablement ».
C’est surtout insister sur la faculté pour chacun d’agir pour le bien commun, de contribuer à sa manière, par ses compétences, son temps, ses dons, à la recherche de l’intérêt général. L’an passé encore, la progression des ressources de la Fondation de France, le nombre sans précédent de nouvelles fondations accueillies sous son égide, illustrent la force de ce message comme l’attractivité de la Fondation de France et la confiance placées en elle.
Cette confiance implique rigueur et responsabilité dans l’emploi de ressources qui sont le fruit d’actes volontaires de générosité.
En 2023, la Fondation de France s’attachera à persévérer dans ses missions, à développer des mobilisations et des pratiques fécondes, à l’image de celles qui se sont déjà manifestées pendant la crise sanitaire, ou plus récemment au titre de la solidarité avec l’Ukraine. Elle continuera à contribuer, par le dialogue et le partenariat, à établir les liens nécessaires entre les initiatives individuelles, le monde associatif et les pouvoirs publics. Vis-à-vis des champs d’actions sensibles dans lesquelles elle est amenée à intervenir, des domaines où il y a rarement consensus tant sur les diagnostics que sur les actions à mettre en œuvre, le rôle de la Fondation de France sera toujours de susciter la concertation, le dialogue, une meilleure compréhension, en rejetant l’anathème, la relégation et l’enfermement. La Fondation de France sera toujours profondément engagée, mais jamais partisane.
En agissant sur toutes les causes, en conjuguant sa capacité à concevoir des actions structurantes de long terme et celle d’agir sans délai face aux situations d’urgence, en continuant à renforcer son écoute et son impact, en développant de nouvelles formes d’action collective, la Fondation de France poursuivra en 2023 dans sa mission de concrétiser en actions efficaces les volontés d’agir des donateurs et des fondateurs.
Très bonne année à tous.