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Engagés pour les personnes exilées : accueillir dans la dignité

14 mai 2024

Les conflits armés ainsi que les crises humanitaires, économiques et climatiques ont contraint plus de 114 millions de personnes dans le monde à fuir leur pays en 2023. Face à ce phénomène de plus en plus massif, la Fondation de France et plusieurs fondations qu’elle abrite se mobilisent.

 

Fondation Francis Lefebvre : défendre les droits des migrants

Dans la famille de Francis Lefebvre, l’engagement est une valeur transmise en héritage. L’aïeul avait consacré sa maison d’édition à la formation juridique pour que le droit soit accessible à tous ; sa famille a repris le flambeau. Désireux de partager un projet philanthropique familial, les descendants de ­Francis Lefebvre créent en 2021 une fondation abritée à la Fondation de France. Cette dernière soutient des actions en faveur de l’accès aux droits et à la formation dans les domaines de la solidarité, de l’éducation et de l’environnement.

La Fondation Francis Lefebvre s’engage dès sa création auprès de l’association « De quel droit ? » qui donne
accès gratuitement à des informations sur les droits des étrangers. Le site est une référence pour ceux qui souhaitent connaître l’état de la jurisprudence en la matière. « L’action de cette association est totalement cohérente avec nos valeurs : défendre les droits des plus vulnérables », estime Chloé Renouf, présidente de la fondation.

Depuis 2023, la fondation soutient aussi l’association MAPEmonde  qui accueille à Briançon les personnes étrangères. Au-delà de l’aide d’urgence apportée à ceux qui arrivent parfois à pied depuis les Alpes, ses bénévoles offrent une aide administrative et juridique qui nécessite une constante remise à jour. « Permettre la formation continue des acteurs de terrain, dans un domaine où le droit est toujours plus complexe et évolutif, fait partie de notre mission », conclut Chloé Renouf.

Fondation Cabestan : encourager l’expression

Anne Brisset-Oppetit souhaite « apporter sa goutte de colibri » à la cause. Après plusieurs années à l’étranger, elle décide en rentrant en France de se consacrer aux autres. Au sein de la Fondation familiale Cabestan qu’elle a créée en 2017, elle se mobilise en faveur des exilés « pour que la dignité humaine soit inaliénable ». Éducation et expression sont ses deux chevaux de bataille. « L’apprentissage du français est un prérequis », estime-t-elle.

La fondation soutient par exemple l’école Thot   - en référence au dieu égyptien de la connaissance - qui propose une formation diplômante de français aux réfugiés et demandeurs d’asile. Installée à Saint-Denis (93), elle a formé plus de 1000 élèves depuis 2016. À chaque remise de diplômes, la fondatrice s’émerveille de « la fierté des diplômés, de l’efficacité du programme et de son apport concret pour les personnes ».

Remise des diplômes du DELF aux étudiants de l'école Thot, soutenue par la Fondation Cabestan, le 5 décembre 2023 à la Banque de France.

La Fondation Cabestan est également engagée auprès de l’association ACINA , qui propose un accompagnement socioprofessionnel aux primo-arrivants. Elle a aussi soutenu le projet OUI de l’Académie de l’Opéra national de Paris. Porté par la chorégraphe Régine Chopinot, il visait à transmettre aux exilés des outils d’épanouissement personnel et sociétal, à travers la danse, le geste et la parole. « On a tendance à détourner les yeux face à la vulnérabilité des exilés, constate Anne Brisset-Oppetit. Mais quand on provoque la rencontre, c’est tout un monde qui s’ouvre. Il y a une immense gratitude à tendre la main à l’altérité ».

Fondation Talents solidaires : intégrer par l’emploi

C’est aussi pour porter des valeurs de solidarité et de partage que Laurent Baudoin a créé sa fondation. Déjà engagé dans plusieurs associations humanitaires ainsi que dans la communauté de Saint-Merry Hors-les-murs qui œuvre auprès des plus fragiles, ce retraité fonde en 2021 Talents solidaires. La fondation soutient des projets professionnels, éducatifs ou culturels misant sur les talents et les aspirations des migrants. « Les personnes exilées se retrouvent trop souvent dans le désœuvrement ou reléguées à des tâches qui n’ont rien à voir avec leurs compétences ni leurs envies. C’est un gâchis pour eux comme pour nous », regrette-t-il.

Sensible aux relations de l’homme avec la nature et aux questions environnementales, il accompagne entre autres Terre en partage, Emmaüs le Maquis et Terre 2 Cultures, qui mettent en lien des agriculteurs ayant des difficultés à recruter et des migrants dotés d’une expérience agricole. « Face au changement climatique, nous avons beaucoup à apprendre de ceux qui connaissent ces problématiques dans leurs pays. Ils ont d’autres façons de traiter les sols, d’irriguer, connaissent d’autres plantes... Eux apprennent aussi de nos compétences ».

La rencontre et l’enrichissement mutuel sont les meilleurs leviers pour lutter contre les peurs. « Il y a de nouvelles migrations à venir. Il faut s’y habituer en douceur et par l’exemplarité. Nous devons soutenir les acteurs de terrain pour qu’ils poursuivent et accroissent leur travail pédagogique. C’est grâce à eux que l’on apprendra à vivre les uns avec les autres », conclut Laurent Baudoin.