Cécile Chevrier, présidente du comité Santé publique et environnement
Quand Cécile Chevrier parle de « cohorte », ne croyez pas que cette femme de 40 ans se prend pour Astérix affrontant les légions romaines ou s'apprêtant à décimer des hordes de sangliers. Il s'agit d'un terme statistique qui signifie « groupe d'individus ». Cécile Chevrier et son équipe suivent 3 500 femmes et leurs enfants issus de la région Bretagne. Il s'agit d'évaluer l'impact des polluants chimiques dont des pesticides sur le développement de l’enfant, de la grossesse à l'adolescence.
Quand Cécile Chevrier parle de « PELAGIE », n'allez pas penser que cette sportive, qui aime pratiquer le beach volley et le ski, part lancer ses filets en haute mer. Il s'agit de l'acronyme de l'intitulé de l'étude que cette épidémiologiste de l’Institut de recherche en santé, environnement et travail conduit au sein de l'Inserm. Et cela se traduit par : « Perturbateurs Endocriniens : étude Longitudinale sur les Anomalies de la Grossesse, l'Infertilité et l'Enfance ».
Cécile Chevrier a grandi avec des parents enseignants de mathématiques. Elle a choisi d'appliquer les maths aux sciences sociales et aux problèmes environnementaux. Ses études l'ont menée de Rennes au Danemark, et retour. Avec sa famille, elle réside désormais aux alentours de la capitale bretonne.
Désireuse de préserver sa liberté de choix et goûtant l'initiative personnelle, elle a choisi la recherche publique. Elle a fait sa thèse sur les risques de développement des fentes orales, autrement dit sur les becs-de-lièvre, dus au tabac, à l'alcool pendant la grossesse ou aux pesticides. Et c'est tout naturellement qu'elle a rejoint l'équipe de l'enquête PELAGIE initiée par Sylvaine Cordier, une rencontre qu’elle considère comme décisive et précieuse dans sa vie professionnelle.
Cécile Chevrier est désormais en première ligne. Elle pilote une équipe d'une douzaine de personnes, mobilise les moyens nécessaires, dialogue avec les chercheurs étrangers qui travaillent sur le même sujet et communique avec un sens pédagogique avéré, lors des festivals de science et dans les médias grand public. PELAGIE a permis de suggérer que la contamination de l’environnement par certains herbicides pendant la grossesse était associée à une diminution de poids de naissance, que l’exposition à des insecticides était associée à des performances cognitives diminuées chez les enfants, que l’exposition à divers solvants pendant la grossesse provoqueraient des risques augmentés d’hyperactivité et d’allergies chez les enfants. Et dans les années à venir, il sera possible d'évaluer l'impact des polluants chimiques sur la santé à l'âge de la puberté. Cécile Chevrier tient à saluer l'engagement des familles participantes. Mères et enfants donnent de leur temps sur une longue durée. Cela passe par des rencontres à l’hôpital pour des examens et des tests, des scanners et des IRM. Elle se félicite de l'adhésion des volontaires : « C'est autant un acte citoyen qu'une envie de participer aux progrès de la science. Les Français ne sont pas repliés sur eux-mêmes et désabusés. Ils veulent aider. »
Au sein de la Fondation de France, Cécile Chevrier préside le comité Santé publique et environnement. Elle anime un groupe de 12 à 15 membres qui lance les appels d'offres et examine les dossiers de candidatures. Chaque année, plusieurs allocations sont attribuées à des jeunes chercheurs et différents projets sont primés. Elle dit apprécier l'ambiance de travail, « très humaniste, très positive », se félicite du soutien apporté avec enthousiasme par la Fondation de France à ce type de recherches, ainsi que de la créativité encouragée.
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