« Parlons Psy » à Colmar et à Nancy : donner la parole aux acteurs de la santé mentale du Grand Est
Le cycle de rencontres « Parlons Psy » organisées dans les régions par la Fondation de France, en partenariat avec l’Institut Montaigne, a fait ce mois-ci deux étapes dans le Grand Est : le 11 mars à Colmar et le 12 mars à Nancy.
Quel est le rôle de l’hôpital psychiatrique ? De quoi notre société a-t-elle besoin pour mieux considérer la santé mentale ? Deux questions majeures auxquelles ont répondu les 180 participants de l’atelier de Colmar et les 140 participants de celui de Nancy.
Mobilisant l’ensemble des parties prenantes dans le champ de la psychiatrie et de la santé mentale - personnes concernées, proches, soignants, professionnels du médico-social, chercheurs -, ces ateliers permettent en effet une réflexion collective sur des actions concrètes pour améliorer la prise en charge, l’accompagnement et la qualité de vie des personnes vivant avec des troubles psychiques. Ces moments d’échanges ouvrent également la réflexion sur la manière de maintenir un lien fort entre le médical et le social.
Les deux rencontres dans le Grand Est ont été introduites par Blaise Rochat, ancien infirmier psychiatrique et aujourd’hui enseignant auprès de professionnels de santé. Il a partagé son expérience, vivant lui-même avec des troubles schizophréniques depuis l’âge de 46 ans, une maladie dont il se rétablit :
« J’ai décompensé sur un moment psychotique il y a 10 ans. Je l’explique, par un cumul de stress, de souffrance, à cause de trois crises dans ma vie : j’ai découvert que j’avais un cancer, j’ai fait une septicémie et j’ai eu peur de perdre la vie, j’ai vécu une rupture sentimentale. Ma décompensation psychotique m’a amené à m’isoler de mon environnement professionnel, familial et social. (…) Par rapport à mon expérience, l’un des enjeux qui me semble important, c’est de faire en sorte que les proches se protègent : parfois cela ne sert à rien d’essayer de garder un lien ; il vaut mieux arriver à prendre de la distance pour pouvoir être mieux présent dans un second temps quand la crise est passée. Un autre enjeu, qui concerne surtout les professionnels, est d’avoir une relation significative : c’est de s’intéresser à ce que vit la personne, au risque de gérer la situation, non pas sur le plan de la parole, mais sur le plan des actes et de la contrainte. »
Lors de ces ateliers, les professionnels, notamment, ont pu croiser leurs regards et partager leurs points de vue. « Sur la santé mentale, se pose vraiment la question de l’information et de la pédagogie pour les proches, pour les professionnels, mais pas uniquement dans le domaine de la psychiatrie car tous peuvent y être confrontés. Nous nous sommes aussi posés la question de la place de la psychiatrie : est-ce qu’il faut continuer à la séparer du somatique ? Car dans les bâtiments, ce sont des lieux différents. Finalement, la stigmatisation ne commencerait-elle pas déjà par-là ? », a expliqué Aude Cadario, chargée de mission du Crehpsy 68 (Centre Ressources Handicap Psychique).
« Il faudrait faire en sorte que la personne concernée puisse être actrice de sa vie, au cœur de son projet, en la mettant en capacité de prendre des décisions pour son emploi, pour son logement. La prise en charge médicale pourrait être plus centrée sur l’estime de soi. », a suggéré, de son côté, Dominique Allemann, éducateur spécialisé.
Le compte-rendu de l'atelier de Colmar
Le compte-rendu de l'atelier de Nancy
Découvrez un projet exemplaire soutenu par la Fondation Grand-Est
Alors que trop souvent, handicap psychique rime avec exclusion et isolement, l'association Espoir 54 a créé le projet "Bénévoles Interim". Ainsi, Raphaël, Nicolas et Marie-France, tous trois atteints de maladies psychiques, participent à des activités en lien avec leurs compétences, tout en prenant en compte les difficultés liées à la maladie.