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Marie-Josée Mbuzenakamwe, engagée contre le sida

14 mai 2024

vignette Marie Jose Mbuzenakamwe 1Marie-Josée Mbuzenakamwe a consacré sa carrière de médecin à prendre en charge les populations touchées par le sida en Afrique et à s’engager pour venir à bout de ce fléau. Elle préside le comité « Genre et VIH » de la Fondation de France.

Elle est née au Burundi, il y a bientôt 60 ans. Elle réside désormais en Eure-et-Loir d’où elle continue à rayonner à travers l’Afrique pour des missions de conseil et des interventions de terrain. Marie-Josée Mbuzenakamwe est médecin. Par le hasard des origines et la force des choses, elle a consacré la majeure partie de sa carrière professionnelle à la prise en charge du VIH. Et il allait de soi qu’au sein de la Fondation de France, cette bénévole experte anime le comité « Genre et VIH » qu’elle préside depuis 2021. Ses parents militaient pour l’indépendance du Burundi. Ils ont pris des responsabilités importantes quand celle-ci fut conquise dans les années 60. Infirmier, son père est devenu un pilier du système de formation des jeunes déscolarisés. Institutrice, sa mère a dirigé le secrétariat général de l’organisation « Union des Femmes Burundaises ».

Elle a beaucoup lutté pour l’accès aux droits des femmes. Aînée de 11 enfants, Marie-Josée commence ses études de médecine au moment où le sida fait ses premières coupes franches. À l’hôpital, elle est confrontée aux flambées initiales de l’épidémie. Après l’obtention de son diplôme, elle exerce dans l'un des hôpitaux les plus anciens de Bujumbura, l’hôpital Prince Louis Rwagasore, et se consacre au suivi et au traitement d’une maladie inconnue qui fait des ravages. En 1999,elle rejoint puis coordonne l’ANSS, l’­Association Nationale de Soutien aux Séropositifs du Burundi, pendant 7 ans. À Djibouti, elle travaille ensuite au Secrétariat de lutte contre le VIH/Sida, tuberculose et paludisme où elle occupe un poste d’assistante technique internationale. Elle se souvient combien la charge était lourde : « C’était émotionnellement difficile. Il n’y avait pas encore de traitements, on accompagnait les gens vers la mort ». Dans la corne de l’Afrique où elle passera 9 ans, elle met en place un projet pour les travailleurs du sexe et autres populations vulnérables, particulièrement invisibilisées en terre musulmane.

Dès 2003, Marie-Josée Mbuzenakamwe croise la route de la Fondation de France, lors de congrès scientifiques et de campagnes de mobilisation comme Solidays ou le Sidaction. L’univers des spécialistes du VIH est un petit monde où l’entraide est fréquente et la reconnaissance facile. Marie-Josée Mbuzenakamwe entre au comité « Genre et VIH » en 2018. Les réunions se font souvent à distance tant les membres sont fréquemment sur le terrain, dispersés sur divers continents. Au-delà de l’analyse des projets, il s’agit aussi d’éclairer les options que pourrait prendre le programme à mesure que la pandémie évolue. En 2025, la Fondation de France réorientera d’ailleurs ses actions dans ce domaine.

Mère d’une fille qui vit à Strasbourg, Marie-Josée Mbuzenakamwe a aujourd’hui la pré-retraite active. Elle lit « des classiques français, Voltaire, La Boétie, mais aussi le Goncourt » et elle écoute du jazz des années 50-60, Miles Davis, Stan Getz. Mais il suffit qu’on la sollicite pour qu’elle reparte au Niger, au Bénin ou ailleurs.