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Avec l’Olivier des Sages, l’Habitat source de justice sociale

25 novembre 2020

Dans le quartier tranquille de Montchat, situé dans le 3ème arrondissement de Lyon, se trouve une colocation banale en apparence. Pourtant, la moyenne d’âge des locataires dépasse les soixante-cinq ans et elle n’est constituée que de chibanis, des personnes âgées, communément originaires du Maghreb, venues travailler en France durant les Trente Glorieuses. Reportage dans la première colocation pour chibanis de Lyon.

Installé dans le fauteuil de sa chambre, M. Chebli se réjouit : « Je suis tranquille ici. Je suis bien logé et je touche une petite pension avec l’Aspa (Allocation de solidarité aux personnes âgées). Moi, ça me suffit. » Cet Algérien désormais septuagénaire est arrivé en France à dix-huit ans, pour travailler sur les chantiers à Cannes. Quand il se rapproche de l’Olivier des Sages, il vivait dans une chambre sans salle de bain et devait se laver à la douche municipale. Sa méconnaissance du droit commun, ses maigres revenus lui ferment la porte des appartements les plus abordables. « C’est grâce à Zorah que j’ai pu avoir ce logement ».

« À 70 ans et plus, ces personnes n’ont jamais eu de vrai logement. »

Zorah Ferhat, c’est la directrice de l’association l’Olivier des Sages, qui propose ces colocations depuis 2019. D’après un rapport de l'Assemblée Nationale datant de 2013, il y avait 350 000 chibanis de plus de soixante-cinq ans en France. Aujourd’hui, le nombre de ces retraités augmente, mais leurs prises en charge s’améliorent laborieusement. Arrivés à la retraite, ils sont souvent mal informés et vivent dans des conditions précaires.

La première colocation partagée pour chibani de Lyon a été mise en place par l’association pour répondre à un besoin urgent : « Un collectif de dix-huit chibanis s’est tourné vers nous, car ils venaient de recevoir un avis d’expulsion », relate Jean-Pierre De Haro, président de l’association. Inspirées des domiciles partagés du Café Social d’Ayyem Zamen à Paris, ces colocations lyonnaises voient finalement le jour, grâce au soutien de Grand Lyon Habitat et de la Fondation de France Centre Est. « À 70 ans et plus, ces personnes n’ont jamais eu de vrai logement. Leur assurer des conditions de vie dignes, c’est reconnaître leur place dans la société », observe la directrice. « Avec l’association, on veut rendre visible ces invisibles ».

« Je vis dans une chambre de 20 m² avec quatre personnes »

L’histoire de M. Chebli ressemble à beaucoup d’autres histoires de personnes âgées issues de l’immigration. Elles n’ont jamais eu une clé, un appartement ou un nom sur une boîte aux lettres. C’est le cas de Brahim Rihane, un autre chibani algérien, qui a vécu toute sa vie dans des foyers d’hébergement : « Je vis dans une chambre d'environ 20 m² avec quatre autres personnes. On a des WC, une douche et une cuisine collectifs. », rapporte-t-il. Grâce à l’association, il va pouvoir s’installer dans un T2 d’ici un mois. Ce sera son premier vrai domicile après trente-trois années en France. Il espère que ce logement l’aidera à faire venir sa femme, grâce à un regroupement familial. Quant aux autres, ils s’habituent à l’idée de finir leur vie en France, loin de leurs proches. Une solitude atténuée par la colocation.

Par ailleurs, bientôt se posera la question de la dépendance. La perte d’autonomie physique et mentale de ces personnes âgées nécessitera des ajustements dans leur prise en charge. Un nouveau défi que l’Olivier des Sages se prépare déjà à relever, afin d’offrir jusqu’au bout une fin de vie digne à ses “ invisibles ”.

En avril 2020, dans le cadre de l’alliance Tous unis contre le virus, la Fondation de France a soutenu l’association l’Olivier des Sages dans l’accompagnement de 200 Chibanis, en leur distribuant quotidiennement des panier repas à leur domicile.

En juin 2020, le jury d’experts Habitat de la Fondation de France Centre-Est décide de prolonger son accompagnement en soutenant financièrement le projet de colocation partagée pour chibanis.