Hervé Knecht est président de la Fondation de France Nord. Retour sur le parcours d’un homme engagé, qui a mis ses compétences au service des causes qui lui tiennent à cœur et porte haut les valeurs de solidarité et de tolérance.
Il a la parole profuse et la formule féconde, l'approche chaleureuse et la transmission alerte. Hervé Knecht, 69 ans, entrepreneur, est depuis quelques mois président de la Fondation de France Nord. Il justifie joliment son implication : « Si chacun, là où il est, a envie de changer le monde, alors le monde changera. C'est précisément autour de cette idée que la Fondation de France agit. La rejoindre est la suite logique de mon parcours qui, depuis plus de 30 ans, donne du sens à ma vie en donnant du sens à celle des autres ».
Hervé Knecht est originaire de Calais. Son père était patron d'une teinturerie en dentelles qui a employé jusqu'à 250 personnes avant d’être victime de la crise du textile comme l’ensemble du secteur. Sa mère était médecin et a cofondé le Planning familial. Son parcours scolaire l’a conduit dans un collège protestant et international situé dans les Cévennes. Hervé Knecht se félicite de ces débuts atypiques : « J'y ai appris l'humanisme et la tolérance ».
Il a toujours eu la fibre entrepreneuriale. Il la révèle en coordonnant le réseau Les Papillons blancs du Nord, qui aide les familles confrontées au handicap mental ; un réseau fort de 3 500 personnes en situation de handicap et de 600 encadrants. En 1991, il crée une entreprise adaptée qui prendra le nom d'AlterEos. Son entreprise sociale, située à Tourcoing, se déploie vers les métiers de la vente par correspondance : centre d'appels avec Les Trois Suisses, reconditionnement pour La Redoute. Ses effectifs comptent 80 % de personnes handicapées. Lui préfère dire « fragilisées par un handicap ». Il argumente avec brio : « La fragilité n'est pas une tare, c'est une caractéristique de la nature humaine. L'intelligence des compétences, c'est indispensable. Mais, l’intelligence de la fragilité, c'est développer l’intelligence de la coopération, de l’engagement, de la solidarité. C'est développer l'intelligence de l'autre ».
Au début des années 2000, la conjoncture se retourne. Pour préserver l'emploi, Hervé Knecht lance AlterEos sur les nouveaux métiers de la gestion électronique de documents. C’est la numérisation des courriers d'Orange, des réclamations de la SNCF ou des contrats de Bouygues. Les cols bleus qui empaquetaient et reconditionnaient deviennent des cols blancs qui maîtrisent scan et vidéo-codage. Aujourd'hui, le groupe AlterEos se porte bien. L’entreprise adaptée, plus grande société coopérative d’intérêt collectif de France, compte 510 salariés.
Hervé Knecht a passé la main en 2013 et multiplie les engagements associatifs comme administrateur (la Chartreuse de Neuville, la Catho de Lille, la Fondation EY, la CRESS, des structures de capital-risque coopératif, d'aide à domicile, de médiation urbaine…). Avec spontanéité et humour, il raconte sa rencontre avec la Fondation de France : « Je connaissais mal la philanthropie. Avant, je fabriquais de l’argent avec une finalité sociale. Maintenant, je prends de l'argent dans la poche de l'un pour la mettre dans celle de l'autre. Et les deux sont contents. ». Soucieux d’être au plus proche du terrain, il se félicite de voir la Fondation de France favoriser l'action des entreprises dans les territoires. Et de s'étonner, avec malice : « Avant je croyais que la Fondation ne défendait que de grandes causes, de loin. En fait, elle agit sur le terrain, sur les territoires, là où se noue le lien social indispensable pour vivre ensemble ».
« La fragilité n'est pas une tare, c'est une caractéristique de la nature humaine. L'intelligence des compétences, c'est indispensable. Mais, l’intelligence de la fragilité, c'est développer l’intelligence de la coopération, de l’engagement, de la solidarité. C'est développer l'intelligence de l'autre ».
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