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Inventer Demain en Centre-Bretagne : six projets structurants du territoire

12 décembre 2024

Clotilde Tascon et Laurence LambertLe programme Inventer Demain a été lancé par la Fondation de France au moment de la crise sanitaire avec pour objectif d’agir à la racine des problèmes de manière transformative, en soutenant les associations dans la durée, selon des modalités d’accompagnement fondées sur la confiance, et en favorisant les approches territoriales.

Dans le cadre de ce programme, la Fondation de France Grand Ouest agit depuis 2022 dans le Centre-Bretagne, au cœur du territoire du Kalon Breizh, à cheval sur trois départements ; un bassin de vie pauvre, peu dense, éloigné des métropoles, du littoral touristique et des grands axes bretons. Mais un territoire auquel les habitants sont profondément attachés et où les élus, les acteurs sociaux, économiques et culturels s’engagent en faveur de sa transformation.

A partir de fin 2019, Laurence Lambert, présidente du Comité Bretagne de la Fondation de France Grand Ouest, et Clotilde Tascon, bénévole correspondante développement territorial, sont allées à la rencontre des animateurs du territoire afin d’initier des collaborations et d’identifier des projets innovants à co-construire.

Quelle a été votre démarche ?

Clotilde Tascon : La première action a été de créer, en 2021, un comité de pilotage composé d’élus, de pôles ESS, de CODEV, d’associations et de la Fondation de France Grand Ouest. Cela nous a permis d’asseoir notre légitimité et de nous appuyer sur la connaissance de leur territoire des élus et des têtes de réseau locales.

Laurence Lambert : Ensuite, en 2022, nous avons organisé deux grandes réunions, l’une à l’Ouest et l’autre à l’Est du territoire, sur la thématique du numérique comme outil de coordination, d’animation, de communication. Ces réunions ont rassemblé 150 personnes, dont une majorité d’acteurs associatifs, qui ont participé à des ateliers sur l’habitat, la formation, la santé, les mobilités, la transition écologique, l’économie circulaire, le lien social et la culture.

Des nouvelles initiatives ont-elles émergé suite à ces ateliers ?

L.L. : La première a été portée par OGO (Ordi Grand Ouest), fin 2022, association qui regroupe plusieurs acteurs œuvrant pour un réemploi des appareils numériques éthique, écologique et solidaire. L’ambition est de créer, à l'échelle du Centre-Bretagne, une organisation permettant de capter, de réparer, de reconditionner, puis de redistribuer localement ces équipements, et d’inclure les publics qui en sont éloignés. Le soutien structurel et pluriannuel de la Fondation de France à l’association lui a permis notamment d’investir dans deux ateliers de stockage et de reconditionnement, ainsi que de financer un poste de coordinateur.

C.T. : Le soutien de la Fondation de France a également fait levier pour le développement d’OGO. Cela lui a permis d’obtenir des fonds européens FEDER et de nouer d’autres partenariats.

Quels autres projets ont vu le jour ?

C.T. : En 2023, « Ker Breizh Mobilité », une plateforme de mobilité inclusive et durable qui facilite la mobilité des habitants en Centre-Bretagne, a été lancée par Emmaüs Action Ouest. Une trentaine d’acteurs se sont également réunis pour créer « Territoire apprenant Centre-Ouest Bretagne », un écosystème local qui valorise les différentes formations du territoire dans l’ensemble des secteurs (dont l’agriculture, l’agroalimentaire et le sanitaire & social). Nous soutenons également le projet « CoopéraTerre », porté par 2 acteurs associatifs, dont l’objectif est la création de 30 jardins potagers collaboratifs dans 30 communes. La Fondation de France accompagne ces projets dans la durée, aussi bien en termes de soutien financier pluriannuel que méthodologique.

L.L. : Nous allons soutenir également deux nouveaux projets : « Au fil de l’eau », un collectif de 8 associations culturelles et artistiques qui vont créer un récit de territoire autour de l’eau en Centre-Bretagne ; et la création d’un réseau de professionnels appelé « Proxi-Jeunes », regroupant des points d’accueil et écoute jeunes (PAEJ), une mission locale, la Mutualité Française de Bretagne ainsi que l’Association hospitalière de Bretagne, sur les communautés de communes de Pontivy et Loudéac. Ce réseau aura pour mission de prévenir et promouvoir la santé des jeunes en proposant des accompagnements dans les domaines de l’addiction, des troubles alimentaires, du harcèlement et du suicide. Avec l’idée que les jeunes puissent devenir pairs aidants.

Comment la Fondation de France a-t-elle fait évoluer ses modalités d’accompagnement ?

L.L. : Nos bénévoles se sont tout de suite intéressés à cette nouvelle approche, différente de la méthode classique d’une instruction dans le cadre d’un appel à projets. Il fallait accepter une part d’incertitude. Nous avons partagé une méthodologie et le processus de validation d’un projet étape par étape.

C.T. : C’est une redéfinition du rôle du bénévole qui se dessine. Nous avons avancé un peu à marche forcée et pour tout le monde, et nous avons appris en marchant, collectivement.  

Quel bilan tirez-vous du programme Inventer Demain en Centre-Bretagne ?

C.T. : C’est prématuré pour moi de parler de bilan. Peut-être fin 2025, quand tous les projets auront trouvé leur vitesse de croisière, en dehors de nous, et qu’ils s’entraideront. A ce moment-là, nous pourrons dire que les graines que nous avons semées ont réussi à germer et que nous aurons changé quelque chose pour le Centre-Bretagne. Aujourd’hui, nous sommes juste à un point d’étape.

L.L. : Nous constatons déjà des points extrêmement positifs. D’abord, la connaissance et la reconnaissance de la Fondation de France par les acteurs du territoire. Ensuite, nous avons favorisé des coopérations entre eux. Enfin, nous pouvons soutenir des projets structurellement, avec des subventions pluriannuelles, ce qui se faisait très peu auparavant. Mais c’est grâce à cela que nous donnons de la visibilité et de la pérennité aux associations. Je pense qu’on peut dire que le comité national a été assez bluffé par ce qui se passe en Bretagne. Maintenant, quel va être l’impact de ces projets, vont-ils être vraiment structurants ? Allons-nous réussir à mobiliser davantage d’acteurs, d’entreprises locales ? Il y a encore de nombreux challenges à relever d’ici trois ans.