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Colloque à Lyon - Réconcilier le besoin de sécurité et le besoin de liberté

18 octobre 2018

Sur le thème « Vivre ses choix, prendre des risques jusqu’à la fin de sa vie », le colloque, organisé par la Fondation de France le 16 octobre à l’Hôtel de Ville de Lyon, a soulevé les questions du droit au choix et de l’autonomie des personnes âgées.

Résoudre le dilemme entre risques  et droits

Dans une société marquée par la peur et la recherche du risque zéro, le droit au choix des personnes âgées entre en confrontation avec le besoin de sécurité. Pourtant, les personnes âgées, mêmes vulnérables, ont le droit de s’exprimer et d’être écoutées dans leurs aspirations. « Il faut installer une culture du choix et du risque mesuré », résumait à cette occasion Agathe Gestin, responsable du programme Personnes âgées à la Fondation de France.

Au sein de l’Ehpad Les Solambres à La Terrasse, cette liberté de choix s’applique au quotidien, et ce même si 96 % des résidents sont atteints de troubles cognitifs. « Notre structure, implantée au milieu du village, est ouverte sur l’extérieur. Nous avons cassé les murs. Plus on ouvre et moins les résidents essaient de partir », a expliqué Eduardo Pifano, le directeur de l’Ehpad. Désireux de faire de l’établissement un lieu de vie, il a misé sur la culture. « Les résidents sont devenus reporters. Grâce à des appareils photos jetables, ils photographient la vie de l’établissement et choisissent deux photos par mois pour rejoindre l’espace d’exposition », détaille-t-il. Un travail qui  met la dignité et la contribution des personnes âgées au centre.

Eduardo Pifano, Directeur Ehpad Les Solambres : "Plus on ouvre l'établissement moins les gens essaient d'en partir".

Ce type d’initiative interroge sur la liberté et l’autonomie accordées aux personnes âgées, en regard de l’obligation de prendre soin d’eux et du désir de les protéger. « Liberté et autonomie : deux valeurs à concilier pour éviter l’abus de pouvoir comme l’abus de risques », affirmait Jean-Luc Noël, psychologue. Si la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement fixe les grands principes, l’éthique se révèle particulièrement utile pour accompagner les décisions. L’association Isatis, qui gère des établissements en région parisienne, en Bretagne et dans le Centre, s’est dotée d’un Comité de réflexion éthique (CRE). « Le personnel vient dire ses doutes, ses questions, ses fragilités par rapport à certaines situations pour trouver des pistes d’actions », expose Marie-Jo Guisset-Martinez, présidente du CRE. Les thématiques régulièrement abordées concernent le respect de la parole, le droit au risque, le respect des habitudes de vie, le refus de soins, la sexualité… des personnes âgées.

Donner du sens aux outils technologiques

« Pour réconcilier autonomie et liberté, les technologies ne seraient-elles pas une partie de la solution ? », questionne Brigitte Ruef, bénévole à la Fondation de France. Les systèmes de géolocalisation, les webcams dans les logements et les détecteurs de chute, installés en accord avec la personne âgée, semblent en effet pouvoir constituer une réponse adaptée. « Trop souvent, on pense technologies sans penser l’ensemble du processus, a mis en garde Véronique Chirié, directrice du Technopole Alpes Santé à domicile et autonomie, situé à Grenoble. Il est nécessaire d’aller au bout du raisonnement car ce qui est important, derrière la technologie, c’est l’organisation à mettre en place ».

Trop souvent on pense technologie pour pouvoir être alerté en cas d'accident sans réfléchir à ce qui pourra être fait ensuite. Rien ne sert de raisonner technologie tant qu'on n'a pas pensé l'organisation pour s'en servir." Véronique Chirié, Directrice

Si une profusion de technologies existe, depuis la tablette pour maintenir le lien social aux multiples capteurs pour contrôler la fermeture d’une porte d’entrée, l’utilisation des plaques de cuisson ou la présence dans un lit, il faut d’abord donner du sens à ces outils et aux données recueillies, mais aussi travailler sur leur bonne utilisation. « Rien ne remplace la relation humaine. Le rôle de l’aide à domicile doit être valorisé car ces personnes sont bien plus qu’une aide-ménagère », soulignait Geneviève Gaudin, directrice de Ain Domicile Services. D’ailleurs, Véronique Chirié a insisté sur « la complémentarité entre les aides humaines, l’aménagement du logement et les aides technologiques » pour favoriser le bien-vieillir au domicile.

Préserver « le sel de la vie »

« Le souhait légitime de liberté et d’autonomie des personnes âgées est mis à mal à l’épreuve de la réalité. En misant sur l’écoute, en instaurant un climat de confiance entre toutes les parties, en partageant les doutes, il est possible de préserver, au domicile comme en institution, le sel de la vie », conclut Marie-Jo Guisset-Martinez.