Aidants : focus sur l’action de la Pause Brindille
Si les difficultés des aidants sont connues, celles des jeunes aidants, adolescents ou jeunes adultes prenant en charge un membre de leur famille, sont beaucoup moins identifiées. Cette cause mobilise l’association La Pause Brindille, qui est soutenue par la Fondation de France et dont l'action a été présentée lors de la Nuit pour le Bien Commun à Lyon en 2021. Le récit d’Axelle Enderlé, fondatrice de l’association.
17 % : c’est le pourcentage de jeunes lycéens soutenant l’un de leurs proches malades, en situation de handicap ou souffrant d’addiction aujourd’hui en France. Soit en moyenne quatre par classe ! Une situation souvent tue, qui plonge ces jeunes aidants dans un grand isolement. Pour les soutenir, pour limiter l’impact de cette situation sur leur vie sociale et sur leur santé, Axelle Enderlé a fondé l’association La Pause Brindille en 2019. Objectif : sortir ces jeunes de leur isolement, leur permettre de déposer leur fardeau, de se sentir écoutés, soutenus, et de retrouver une forme de légèreté.
Tout est parti de l’expérience personnelle d’Axelle. Alors que sa fille cadette est en situation de handicap, Axelle tombe malade. Sa fille aînée la questionne alors sans détour : « Maman, comment je ferai quand tu seras morte ? ». Cette maturité et le poids pesant sur les épaules de sa fille l’interpellent. À la faveur d’un profond changement de vie professionnelle, elle décide de se lancer dans son propre projet en créant une structure de soutien aux aidants. Si, au départ, Axelle s’intéresse à la problématique sans distinction d’âge, le premier confinement révèle la difficulté des plus jeunes à soutenir leur famille tout en poursuivant leurs études. Il apparaît très vite que la situation des aidants de 7 à 25 ans est méconnue, délaissée. Axelle Enderlé en fait son cheval de bataille. Elle crée La Pause Brindille pour eux : un réseau de sensibilisation et d’identification, de soutien et d’écoute ainsi qu’une communauté de jeunes aidants.
Alors que l’association peine à trouver des financements pour créer une ligne d’écoute dédiée, Axelle postule à la première édition de Lyon pour le Bien Commun. « Lorsque je suis venue présenter La Pause Brindille devant 20 personnes pour les pré-sélections, j’étais terrorisée. Le monde des mécènes et des philanthropes me faisait peur. Mais je les ai trouvés ouverts, bienveillants et encourageants » se remémore-t-elle.
Le soir de Lyon pour le Bien Commun le 28 septembre 2021, elle se souvient d’un moment de stress intense empreint d’émotion. Pourtant, elle a répété son « pitch » tout l’été, accompagnée par les bénévoles qui la forment à la prise de parole. « Tout est sorti dans le désordre, j’ai fini en larmes, puis les gens ont applaudi. Les enchères ont commencé. Personne ne s’est manifesté pendant de longues secondes. Puis le super duo formé par la présentatrice et le commissaire-priseur a fait monter les dons ! ». Elle collecte alors 59 600€ de promesses de dons pour l'association, qui lui permettent en mai 2021 de lancer la ligne Brind’écoute, un service d’écoute des jeunes aidants assuré par d’autres jeunes engagés et solidaires ou d’anciens jeunes aidants. Depuis, 1 500 échanges ont déjà eu lieu, et elle bénéficie également du soutien de la Fondation de France pour développer son initiative. « Cela représente une vraie reconnaissance de mon projet et me donne la sensation de ne plus être seule à le porter ! » souligne Axelle Enderlé.