Le collectif d’action Territoires d’engagement et le Kiif unissent leurs forces pour favoriser la coopération territoriale
Créé en 2022, le Kiif est une association qui rassemble 10 accompagnateurs des innovations sociales, ancrés dans les territoires. Il lance aujourd'hui avec le collectif d’action Territoires d’engagement de la Fondation de France un nouveau projet dans 6 territoires.
Le Kiif a pour mission de favoriser l’émergence, la pérennité et le déploiement des innovations sociales dans et par les territoires, en accompagnant des organisations et en créant des synergies pour renforcer leur impact en faveur de l’intérêt général. Dans ce cadre, la Fondation de France Méditerranée et InterMade , un des membres du Kiif , ont mené une expérimentation commune dans la Vallée de la Roya. De cette initiative est née l’envie d’aller plus loin : le collectif d’action Territoires d’engagement initié par Fondation de France et le Kiif lancent aujourd’hui ensemble le projet « Territoires d’Engagement et de Coopération » dans 6 territoires.
Cécile Malo, responsable Grande cause « Dynamiques territoriales » de la Fondation de France et pilote du collectif d’action Territoires d’engagement, Alicia Beillon (directrice d’ATIS, membre du Kiif) et Cédric Hamon (directeur d’InterMade, membre du Kiif) reviennent sur cette collaboration.
Quelle est l’origine de cette collaboration inédite ?
Alicia Beillon : Le Kiif et la Fondation de France, avec ses partenaires du collectif d’action Territoires d’engagement, partagent la conviction que les réponses aux besoins sociaux, économiques et écologiques urgents se construiront dans les territoires, à travers des initiatives portées collectivement par les acteurs locaux, qu’il s’agisse des associations, des entreprises, des pouvoirs publics, et de l’ensemble des habitants. Mais encore faut-il que ces acteurs aient la capacité de se mobiliser, individuellement et collectivement.
Car coopérer, ce n’est pas seulement mutualiser, partager des outils ou des bonnes pratiques, c’est aussi faire œuvre commune, renoncer à certains intérêts personnels au service d’un projet collectif. La coopération se construit, s’expérimente et s’approfondit pas à pas. C’est à partir de ces constats communs que nous avons décidé d’unir nos savoir-faire respectifs (détection, financement et accompagnement de projets d’innovation sociale, mise en réseau…) pour accompagner la coopération territoriale.
Vous lancez ensemble le projet « Territoires d’Engagement et de Coopération » (TEC). Quels sont vos objectifs ?
Cécile Malo : Nous voulons explorer ensemble de nouvelles manières d’accompagner les territoires, en utilisant le levier des coopérations. En binôme et au plus près du terrain, les équipes régionales de la Fondation de France et les membres du Kiif veulent encourager, soutenir et consolider les coopérations entre les acteurs du territoire (chef d’entreprises, acteurs et bénévoles associatifs, porteurs de projets de l’ESS, citoyens engagés, élus etc.), pour apporter des réponses aux enjeux locaux. TEC, c’est l’alliance inédite entre un collectif d’accompagnateurs et le premier réseau de philanthropie de France pour révéler et soutenir le pouvoir d’agir et la capacité à coopérer des acteurs locaux.
Qu’entendez-vous par « territoire » ?
Cédric Hamon : Un territoire est un bassin de vie (10 à 15 000 habitants) qui partage une histoire et un vécu, des vulnérabilités sociales et environnementales, mais aussi des forces vives et des acteurs moteurs, enclins à coopérer pour développer des réponses locales à ses propres besoins. Ce qui nous intéresse, c’est le territoire tel qu’il est ressenti par ses habitants et la façon dont ils se l’approprient.
Le projet TEC sera déployé dans six territoires français de typologies différentes mais partageant plusieurs caractéristiques :
- la présence d’acteurs moteurs qui ont l’envie d’agir pour leur territoire (citoyens, porteurs de projets associatifs, chefs d’entreprises, élus...) ;
- des vulnérabilités sociales, socio-économiques et environnementales tangibles, qu’elles soient structurelles (ex : vallée de montagne isolée), cycliques (ex : territoire en déclin économique), ou conjoncturelles (ex : catastrophe naturelle) ;
- des vulnérabilités ressenties par les habitants : manque de confiance dans l’avenir de leur territoire, difficulté à se mobiliser dans des démarches collectives d’intérêt général ; des forces et ressources locales (un patrimoine, une histoire, un savoir-faire…) à valoriser.
Il s’agira de l’Entre-deux-mers) en Gironde, du secteur de Forbach en Moselle, d’un quartier prioritaire de Nantes, de la Vallée de la Roya dans la continuité de la première expérimentation, et de deux autres territoires en Auvergne-Rhône-Alpes et en Haute-Garonne.
Comment va se concrétiser le projet TEC sur ces territoires ?
Alicia Beillon : Le projet va être déployé sur 3 ans dans chacun des territoires, en 3 phases. Tout d’abord, la réalisation d’un portrait sensible et vivant du territoire, basé sur de nombreux entretiens individuels et collectifs. Il permettra d’appréhender les forces vives en présence (acteurs moteurs, idées), les vulnérabilités (tangibles et ressenties), la maturité coopérative du territoire (quelles dynamiques à l'œuvre ou potentielles), la culture locale… Ensuite, en fonction des résultats du diagnostic, les équipes du Kiif et du collectif Territoires d’engagement accompagneront la mise en œuvre concrète de coopérations territoriales, en utilisant les outils existants et en créant de nouveaux outils ou modalités d’accompagnement adaptés aux acteurs et besoins locaux.
Enfin, la troisième phase consistera à faire émerger des coalitions territoriales qui réunissent une pluralité d’acteurs (publics, associatifs, fondations abritées ou amies, entreprises, etc.) et cultivent dans la durée cette dynamique de coopération et d’engagement. A l’échelle nationale, le projet TEC va animer une communauté active de 6 binômes dans chaque territoire choisi rassemblant l’équipe de la Fondation de France et un membre local du Kiif, épaulés par des bénévoles.
Pourquoi le Kiif a-t-il décidé de se lancer dans ce projet en collaboration avec la Fondation de France ?
Cédric Hamon : L’intention première est de contribuer à rendre plus robustes les 6 territoires concernés, et peut-être d’autres ensuite. Le projet TEC est aussi, pour nous, l’occasion d’expérimenter une autre manière d’intervenir sur un territoire, de venir questionner et affiner la pertinence et l’efficacité de nos outils et approches respectives, en allant au plus près de ceux qui habitent le territoire. Enfin, ce projet est une formidable occasion d’apprendre ensemble, sur le terrain.
Avec ce projet, la Fondation de France va intervenir de façon un peu différente par rapport à son métier habituel. Qu’allez-vous expérimenter de nouveau ?
Cécile Malo : Cette alliance est pour nous l’occasion d’amplifier notre action dans les territoires, en faisant le choix de nous appuyer plus fortement sur les acteurs locaux de l’accompagnement des innovations. On voit que depuis quelques années, les fondations endossent progressivement un rôle qui dépasse leur métier de financeur. Les acteurs de terrain, associations, pouvoirs publics, collectifs citoyens… reconnaissent de plus en plus la capacité des fondations à les rassembler autour de projets communs, au-delà de leurs divergences. Plutôt que de développer en interne ce nouveau rôle de facilitateur territorial, nous avons choisi de nous appuyer sur des acteurs dont c’est le rôle. C’est une opportunité pour nous de faire évoluer nos modes opératoires vers des approches plus sensibles et agiles, avec comme objectif premier de transformer positivement et durablement les comportements et les relations au sein d’un territoire pour faire naître des coopérations. C’est une logique différente de la construction de solutions, même si évidemment nous serons attentifs à ce que ces coopérations apportent des réponses concrètes à des besoins réels.
Pour plus d'informations, vous pouvez contacter Alicia Beillon (
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