Skip to main content
Vous êtes fondateur
Vous êtes donateur
Vous êtes porteur de projet
Vous êtes fondateur
Vous êtes donateur
Vous êtes porteur de projet

Questions à... Pierre Gressens

19 décembre 2018

Entretien avec Pierre Gressens, directeur de recherche, responsable du laboratoire de neurosciences (UMR 1141 Inserm - université Paris Diderot), hôpital Robert Debré, Paris et président du comité Autisme et neuro-développement de l’enfant de la Fondation de France. 

Qu’est-ce que l’autisme ?

Les critères pour établir un diagnostic ont changé et se sont élargis au fil du temps. Disons qu’il se manifeste chez l’enfant par des troubles du neuro-développement dans trois grands domaines : des difficultés dans les relations sociales et les interactions avec les autres, des troubles du langage et des comportements stéréotypés, tels que les gestes répétés. Peuvent s’ajouter à cela, selon les cas, une déficience intellectuelle ou au contraire des capacités hors normes dans certains domaines, des crises d’épilepsie, des problèmes digestifs, des difficultés à lire et écrire comme la dyslexie et la dysorthographie, une hyperactivité, des troubles de l’attention... La gravité des symptômes est, elle aussi, très variable. Ils peuvent avoir relativement peu d’impacts sur l’enfant comme être un frein majeur à une intégration sociale, scolaire et, plus tard, professionnelle.

Quel impact a eu l’engagement de la Fondation de France sur le sujet de l’autisme ?

La manière d’appréhender et de traiter l’autisme a beaucoup évolué ces dernières décennies dans notre pays, notamment grâce à l’action de la Fondation de France. Avant qu’elle lance son programme, la pédopsychiatrie en France était assez largement centrée sur la psychanalyse. En soutenant la recherche clinique et fondamentale, la Fondation a participé à la montée en puissance d’une psychiatrie dite biologique, plus proche de la médecine des autres disciplines. Elle a ainsi fait progresser la connaissance sur les causes et les traitements de l’autisme, contribuant à l’amélioration de la prévention, la détection et la prise en charge des troubles.

Quelle est l’approche privilégiée par le programme Neuro-développement et autisme ?

Le programme repose sur deux piliers : la multidisciplinarité et la collaboration. Dès le départ, l’idée était de fédérer des chercheurs qui travaillent dans des champs divers comme la neuropsychologie, la pédiatrie, les sciences cognitives, la neuro-imagerie, la modélisation, la génétique ou les sciences de l’éducation, et de créer progressivement un maillage entre les équipes et les projets. Nous avons toujours veillé, également, à l’équilibre des projets soutenus. Depuis quelques années, par exemple, nous subventionnons des travaux portant à la fois sur le comportement autistique et sur le comportement cérébral typique de l’enfant. L’enjeu est de faire avancer la connaissance par la comparaison.

Quel bilan faites-vous de sa mise en œuvre ?

Au total, en 20 ans, la fondation a investi 9,5 millions d'euros pour soutenir 130 projets qui ont changé le visage de la recherche française sur l’autisme. Elle était balbutiante en 1999. Son importance est aujourd’hui reconnue au plan international. Nos chercheurs sont en pointe, par exemple, sur tout ce qui concerne l’acquisition du langage, la génétique de l’autisme ainsi que l’évaluation des techniques de détection précoce et de rééducation.

Quelle suite souhaitez-vous donner au programme ?

Nous avons parcouru un long chemin mais nous pouvons encore beaucoup progresser. Si la connaissance progresse, le nombre d’enfants diagnostiqués augmente et il reste beaucoup à apprendre pour pouvoir un jour prévenir et guérir les troubles autistiques. Savez-vous par exemple que les polluants sont suspectés d’aggraver cette pathologie ? Nous devons donc améliorer encore le maillage et la qualité de la recherche clinique et fondamentale. Plusieurs pistes sont à l’étude. Nous envisageons de mobiliser de nouvelles compétences pour élargir les approches multidisciplinaires. Nous comptons aussi aller encore plus loin en termes de pluridisciplinarité et de collaboration. Pour l’instant, pour être financé, un projet doit faire travailler ensemble au moins deux équipes. Nous pourrions également soutenir des projets portés par trois ou quatre équipes.