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Accompagner la transition vers un système alimentaire plus durable

15 octobre 2020

Crise sanitaire et économique, la Covid-19 est aussi une crise alimentaire, qui mobilise des réponses immédiates. Mais au-delà de l’urgence, l’augmentation de la malnutrition comme les risques environnementaux imposent d'intensifier la transition vers un système alimentaire plus durable. Dans ce domaine aussi, la philanthropie soutient l’innovation. Partout dans le monde.

La crise Covid frappe plus durement les plus fragiles. Cette constatation s’applique à l’échelle de la planète, notamment pour l’accès à la nourriture. Début avril déjà, l'Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) lançaient l’alerte, en pointant un risque de pénurie alimentaire mondiale. Entre la fermeture des frontières, les surstocks de nourriture que font certains États, l’interdiction d’exportations de grands producteurs de blé ou encore la pénurie de main-d’œuvre agricole, la machine alimentaire mondiale s’enraye. Et les pays à faibles revenus et en déficit alimentaire sont en première ligne.

Promouvoir le « produire et consommer local »

« Plus que jamais, cette crise démontre l’importance pour chaque communauté de pouvoir compter sur un marché local, souligne Karine Meaux, responsable des programmes urgences et solidarités internationales. Une démarche engagée depuis 12 ans, avec notre programme Promotion de l’agriculture familiale en Afrique de l’Ouest (PAFAO) qui soutient les organisations paysannes de proximité, pour favoriser une autonomie alimentaire basée sur une agriculture raisonnée ou biologique, en offrant une alternative à l’exode rurale. Et avec le programme JAFOWA, dont nous sommes partenaires depuis 2016, destiné aux organisations paysannes du Burkina Faso, Sénégal et Ghana, engagées dans l’agro-écologie ».

Avec plus de 250 projets à leur actif, ces deux programmes ont tissé un réseau important de petits producteurs, artisans et commerçants. « C’est donc à eux qu’est destinée notre opération « coup de pouce Covid-19 », mobilisée pour financer des aides ponctuelles afin d’assurer la relance de l’activité et la sécurité alimentaire », poursuit Karine.

Producteurs, transformateurs, distributeurs, consommateurs : toute une chaîne menacée

Par exemple au Bénin, Yanic Hountondji, coordonnateur de l’Union régionale des producteurs de l’Atlantique et Littoral, explique que la fermeture des frontières, des écoles, des marchés et des églises a mis en péril l’activité des producteurs locaux (riz, maïs, maraîchage, soja…) mais aussi des femmes qui assurent la transformation, la distribution, l’animation des cantines. Le « coup de pouce Covid-19 » permet de soutenir la distribution de fertilisants biologiques, de compléter des crédits bancaires pour passer le cap de la crise, de financer des stocks de marchandises pour les animatrices de cantines, d’accompagner l’étude et la mise en œuvre d’un système d’assurance, comme d’application numérique pour la petite agriculture familiale !

Ou encore au Sénégal, où le « Plan de soutien à la résilience du système alimentaire du département de Rufisque » cible près de 400 petits producteurs et plus de 300 « femmes transformatrices ». Dans l’urgence, le coup de pouce permettra de distribuer des bons d’achats de produits frais pour les familles les plus fragiles. « Mais là encore, il s’agit surtout de donner à chacun les moyens de reprendre le travail : équipement sanitaires (gel, gants, masques) pour sécuriser l’activité dans les fermes, dotation en stock de matières premières, distribution de plants et de semences, financement de véhicules… » précise Karine Meaux.

Au total, l’opération « Coup de pouce Covid-19 » représente plus de 300 000 € de subventions à une douzaine de structures… au bénéfice des populations.

Quant aux fondations abritées à la Fondation de France, nombre d’entre elles ont adapté leurs interventions pour répondre à l’urgence alimentaire et soutenir l’activité à long terme : « Sur proposition des populations, nous avons mis en place des paniers alimentaires dans les banlieues de Lima pour les personnes qui ne pouvaient plus aller travailler, exposait par exemple Violaine Chantrel, directrice adjointe de la Fondation Frères des Hommes, lors d’un atelier consacré aux actions de solidarité internationale. Et au Sénégal, nous avons créé un circuit de distribution de semences pour renforcer la sécurité alimentaire de la population ».

Des projets doublement gagnants

La même logique a présidé aux opérations menées ici en France, avec l’Alliance Tous unis contre le virus, qui a soutenu plus de 120 projets intégrant un volet d’aide alimentaire. Toujours dans cette démarche de double impact : « Aider des structures d’insertion qui emploient des personnes précaires dans le domaine alimentaire (cuisine, traiteur…), pour réorienter leur activité en direction des plus fragiles : les personnes à la rue, les migrants, les personnes isolées ou handicapées… », explique Marion Ben Hammo, responsable des programmes emploi / économie sociale et solidaire. C’est ainsi qu’ en Seine-Saint-Denis et à Paris, à Lyon, Montpellier et Bordeaux, à Marseille et dans le Bas-Rhin, la Fondation de France a monté un dispositif original qui a mis en relation les réseaux des « traiteurs solidaires » (entreprises d’insertion spécialisées dans les prestations de traiteurs pour les entreprises) et les réseaux de distribution alimentaire d’urgence (Restos du cœur, Armée du salut, Protection civile…)… réussissant ainsi à distribuer près de 135 000 repas en 6 semaines.

Avant, pendant, après la crise : repenser le système agro-alimentaire

Si l’impact de la pandémie sur les filières alimentaires est si rapide et puissant, c’est aussi parce que ce système souffre de graves déséquilibres, depuis longtemps. Au-delà de leurs effets sur la santé humaine, les modes de production, de distribution et de consommation de la nourriture contribuent aussi au réchauffement climatique, à la perte de la biodiversité, à la destruction des paysages et au développement des inégalités. La transformation d’un système aussi complexe -et vital- engage tous les acteurs, et la communauté philanthropique y joue sa part. C’est ainsi que la Fondation Daniel et Nina Carasso, le programme environnement de la Fondation de France ou encore la Fondation pour la Nature et l’Homme se mobilisent depuis bientôt 10 ans pour soutenir la recherche et l’expérimentation, à toutes les étapes de la filière. « Qu’il s’agisse d’élevages respectueux du bien-être animal, de transition vers l’agriculture biologique, de développement de circuits courts minimisant les transports, de restauration collective ou d’évolution des modes de consommation… c’est en agissant sur tous ces maillons de la chaine que nous pourrons faire basculer notre modèle », souligne Guilhem Soutou, responsable de l’axe Alimentation durable à la Fondation Daniel et Nina Carasso.

Expérimentation + recherche + essaimage

Pour maximiser leur impact, les fondations ne se contentent pas de financer des initiatives. Elles misent sur la recherche-action, afin de modéliser les meilleures pratiques, sur la mise en réseau des acteurs, et sur l’essaimage (colloques, publications, formations…) pour diffuser les connaissances accumulées. Comme par exemple avec le volet « agroforesterie » porté par le programme Environnement de la Fondation de France, qui a soutenu près de 60 travaux de recherche autour d’une question : comment associer les arbres, les haies, les cultures et l’élevage, pour bénéficier de toutes leurs interactions ? « Les expérimentations et les observations capitalisées depuis près de 10 ans ont fait émerger de nouveaux modèles… l’heure est aujourd’hui au changement d’échelle », souligne Laetitia Bertholet, responsable du programme transition écologique et des fondations environnement.

Au bout de la chaîne : nos assiettes

Et cette transition ne se fera pas sans engager le dernier maillon de la chaîne : le consommateur. « C’est pourquoi nous soutenons les démarches de collectifs engagés dans la créations d’épiceries solidaires, de jardins partagés, de programmes d’éducation à la nutrition… poursuit Laetitia Bertholet. Car loin de les mettre au second rang, la crise a encore intensifié les attentes des citoyens, de plus en plus conscients de leurs responsabilités, et désireux de se réapproprier une place d’acteurs du système. »

REPÈRES

  • 2 milliards d'êtres humains n'ont pas un accès régulier à une alimentation en quantité et en qualité suffisante. Près de 690 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde, soit 10 millions de plus qu'en 2019 ;
  • Avec 10 milliards d'habitants d'ici 2050, la demande de nourriture est appelée à s'accroître ;
  • En fonction des scénarios de croissance économique, la pandémie du Covid-19 pourrait venir grossir les rangs des affamés de 83 à 132 millions d'individus ;
  • L'impact de la malnutrition sous toutes ses formes - sous-alimentation, carences en micronutriments, ainsi que surpoids et obésité - sur l'économie mondiale est estimé à 3500 milliards de dollars par an.