Skip to main content
Vous êtes fondateur
Vous êtes donateur
Vous êtes porteur de projet
Vous êtes fondateur
Vous êtes donateur
Vous êtes porteur de projet

La solitude des jeunes, par Axelle Davezac, directrice générale de la Fondation de France

7 décembre 2021

La crise sanitaire n’en finit plus de bouleverser notre quotidien, nos projets, notre rapport à l’autre. Depuis plus d’un an, une autre épidémie plus silencieuse s’est généralisée : la solitude, qui frappe désormais une personne sur quatre. Et les jeunes ne sont pas épargnés : 21 % d’entre eux ont connu une situation d’isolement total en 2021, et un tiers des jeunes déclare se sentir fréquemment seul.

À l’âge où se construisent la sociabilité et l’indépendance affective et matérielle, se trouver coupé des autres s’avère particulièrement douloureux. Les 15-30 ans ont été, en 2021, particulièrement touchés. Aujourd’hui, 21 % des jeunes1 se trouvent en situation d’isolement relationnel2, soit 9 points de plus en un an. Pour eux, toutes les sources de sociabilité se sont réduites. En outre, la qualité de leurs relations avec leur entourage s’est dégradée pendant cette période, entraînant chez eux un sentiment de solitude particulièrement marqué : un tiers des jeunes indique se sentir fréquemment seul, soit 12 points de plus que la moyenne des Français.

Des jeunes particulièrement touchés par le chômage et la pauvreté

À ce sentiment d’isolement, d’exclusion, si opposé à l’image traditionnelle de la jeunesse, s’est ajoutée en 2021 une angoisse quant à l’avenir :  de nombreux jeunes en formation, quel que soit leur niveau, ont expérimenté la peur du décrochage. Les plus touchés ont été ceux pour qui un abonnement internet ou l’achat de matériel informatique représente une charge financière difficile à assumer. Mais l’angoisse a aussi envahi tous ceux qui, seuls devant leur écran, ont éprouvé des difficultés croissantes à se motiver, à s’approprier le contenu des cours, à se passer de contacts avec leurs enseignants et camarades. Comme le montre le baromètre Fondation de France-Crédoc, les jeunes isolés cumulent, plus que le reste de la population, les difficultés : ils sont deux fois plus nombreux que la moyenne des Français à affronter la pauvreté ou le chômage. Avec, pour corollaire, une image d’eux-mêmes fortement dégradée : 54 % d’entre eux affirment ainsi se sentir régulièrement abandonnés et inutiles !

Pour cette génération, la Fondation de France s’engage au quotidien : sur les 10 000 actions soutenues chaque année, 3500 sont spécifiquement destinées aux jeunes. Parce que la crise a fortement aggravé leurs difficultés matérielles, 2 900 d’entre eux ont bénéficié, en 2020, de bourses pour les aider à financer leurs études, leur logement, parfois même de subvenir à leurs besoins essentiels (alimentation ou hygiène).

De manière plus structurelle, la Fondation de France essaie d’apporter des réponses pour prévenir ces situations dramatiques : développer l’écoute pour permettre aux jeunes de trouver un espace d’expression, aller à la rencontre de ceux qui, en situation de repli, ne vont pas spontanément chercher de l’aide…. Et leur proposer des solutions pour sortir durablement de cette situation. Le programme « Santé des jeunes » permet, depuis plusieurs années, d’améliorer le repérage et la prise en charge de ceux qui souffrent de troubles psychiques... D’autres actions de long terme fleurissent partout en France : formation numérique, parcours d’insertion professionnelle, comme par exemple les écoles de production, qui permettent à des décrocheurs d’apprendre un métier en articulant formation et mise en situation professionnelle réelle. Toutes ces actions poursuivent une même ambition : ne pas laisser la solitude, le sentiment d’inutilité, gangréner ces jeunes, l’image qu’ils se font d’eux-mêmes et de leur avenir. Pour leur permettre de s’épanouir, de grandir, de s’insérer dans une société qui a besoin d’eux.

Pensons à eux et agissons !


1 Baromètre Credoc pour la Fondation de France - Les solitudes en France – édition 2021
L’isolement relationnel concerne les personnes qui n’ont de contacts de visu que quelques fois dans l’année ou moins avec les membres des cinq réseaux de sociabilité : la famille, les amis, les voisins, les collègues de travail, ou encore les membres d’un groupe ou d’une association.