La force des collectifs
À côté des fondations créées par un particulier, une famille ou une entreprise… se développe un nouveau type de fondations, portées par un collectif de professionnels ou d’entreprises parfois concurrentes. Des acteurs qui décident de s’associer autour d’un même projet d’intérêt général. Focus sur trois d’entre elles.
Les fondations créées par un collectif partagent toutes une caractéristique : elles se mobilisent pour un enjeu de société majeur qui implique leur secteur. C’est la volonté de donner plus d’impact à leur engagement qui les incite à se réunir pour faire front commun autour de cette « grande cause ».
La Fondation Palladio invente la ville de demain
Construire une ville plus humaine, durable et créatrice de valeurs, c’est l’ambition de la Fondation Palladio, créée en 2008. Mathieu Garro, son directeur du développement et de la communication explique : « Notre cause : que la ville et les lieux de vie soient les plus humains, vivables, durables, inclusifs et créateurs de valeurs. Nos fondateurs et nos mécènes exercent les différents métiers de la filière immobilière et de la ville. Liés par une responsabilité commune, ils ont choisi de dépasser leurs intérêts particuliers et de dialoguer avec d’autres secteurs économiques (comme la banque-assurance, le commerce-distribution, l’environnement-énergie, le numérique, la logistique, les transports-mobilités), ainsi qu’avec les pouvoirs publics, le monde associatif, les chercheurs et les médias, pour co-construire des solutions ».
En 12 ans, la Fondation Palladio a développé de nombreux projets. Par exemple le « Pôle Avenir Palladio » qui propose des outils pour accompagner les étudiants de ces filières (bourses et prix, forum des métiers, rencontres, études…), « l’Université de la Ville de Demain », rendez-vous annuel de réflexion et de débats dédié aux grands enjeux urbains et immobiliers, ou encore le « Connecteur innovation-recherche », qui organise des rencontres entre chercheurs universitaires et chercheurs en entreprise, pour faciliter le dialogue entre les mondes économique et académique sur ces thématiques.
Numérique : jamais sans les femmes
Autre collectif, autre combat commun… Celui de la Fondation Femmes@numérique. Créée en juin 2018 par 42 entreprises de la filière du numérique, elle s’attaque à un problème d’actualité : la sous-représentation des femmes dans les filières informatiques. « Un problème urgent, explique Laure Castellazzi, sa secrétaire générale. En effet, seulement 16 % des jeunes femmes en écoles d’ingénieurs choisissent cette discipline, contre 25 % il y a 30 ans ! Et la France fait figure de mauvais élève à l’échelle européenne. ». Un enjeu économique (le numérique est un secteur en tension, avec plus de 230 000 postes à pourvoir d’ici à 2027 !) mais aussi et surtout sociétal : les technologies qui structurent le monde de demain ne peuvent être exclusivement pensées et développées par les hommes ! Femmes@num>érique s’est fixé un objectif ambitieux : transformer les représentations et créer une rupture dans les choix d’orientation des jeunes filles, de l’école au lycée, en faveur des métiers du numérique. La fondation a rejoint également un collectif, qui associe 50 associations et bénéficie du soutien de l’Etat. « Cette dimension partenariale est essentielle pour faire bouger les idées reçues et les pratiques, note Laure Castellazzi. Or, une fondation collective bénéficie d’une indépendance et d’une neutralité qui facilitent ces coopérations ».
Agir en proximité
Dernière-née dans la « famille » des fondations collectives abritées à la Fondation de France : la Fondation des Notaires du Grand Paris, créée en juin 2020 par 5 chambres des notaires d’Ile-de-France. La fondation mènera des actions dans différents domaines de l’intérêt général : aide aux personnes vulnérables, environnement, logement, patrimoine, culture et éducation. En 10 ans, le nombre de notaires dans la région s'est fortement accru, en réponse aux besoins de droits et de conseils de proximité des Franciliens. Acteur du développement économique et social du territoire, le notariat d’Ile-de-France ne pouvait pas rester à l’écart des grands enjeux de société qui structurent le projet du Grand Paris.
S’impliquer… et s’effacer !
Quelle que soit la cause qu’elle choisit, une fondation collective repose sur un principe clé : chaque fondateur accepte de s’effacer au profit du projet commun. Elle doit donc porter une « raison d’être » complémentaire des politiques RSE, des clubs ou fédérations d’entreprises. Et faire vivre entre ses membres un véritable contrat de confiance qui se renouvelle année après année !
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