L’environnement et l’éducation, causes majeures des nouvelles fondations abritées, créées en 2020

Plus de 40 nouvelles fondations ont rejoint la Fondation de France en 2020. Quel a été leur cheminement ? Quelles sont les causes qui les mobilisent ? Les réponses de Sabine de Soyres, responsable du développement des fondations et des legs.

En 2020, 41 nouvelles fondations abritées ont été créées à la Fondation de France. Quelles tendances émergent en terme d’engagement ?

Sabine de Soyres : Sur les 41 nouvelles fondations créées, 26 sont « multicauses » et 15 ont des objets plus précis. Globalement deux grands sujets émergent : l’éducation et l’environnement. La Fondation Equinoxe, créée par un grand donateur du Grand-Ouest, s'est par exemple fixé deux objectifs : l’accès à l’éducation et la préservation de la nature. Ou Montagne en scène, fondation créée par deux jeunes passionnés de montagne, soutient des projets de restauration du milieu naturel en montagne, mais aussi de sensibilisation aux enjeux environnementaux auprès de jeunes défavorisés. Le choix des grandes causes illustre ce souci du temps long, cette volonté de construire un monde et une société meilleurs, caractéristiques de la philanthropie. Viennent ensuite la lutte contre toutes les précarités, une cause particulièrement sensible cette année. Et la culture. Nous sommes heureux d’accueillir de grands acteurs du secteur, comme la Fondation pour le rayonnement des musées d’Orsay et de l’Orangerie.

Cette promotion 2020 témoigne de la capacité des fondateurs à se saisir de problématiques d’actualité…

SdS : En effet, c’est le cas par exemple avec la Fondation Elamen, qui souhaite agir en faveur de la laïcité, du dialogue interculturel, de la connaissance du fait religieux et de la cohésion. Autre sujet d’actualité : la question de l’égalité de genre. L’émancipation des femmes par l’insertion économique et sociale mobilise la jeune Fondation Chance, créée par un couple d’entrepreneurs dans la région de Montpellier. Enfin notons que deux fondations ont choisi d'accompagner la recherche sur une maladie qui souffre de sous-diagnostic : la maladie de Lyme, dont on parle beaucoup.

Quel est le profil des nouveaux fondateurs ?

SdS : Les fondateurs sont de plus en plus jeunes, c’est une tendance qui se confirme cette année encore. Toutes les fondations accueillies en cette fin d’année, ont été créées par des personnes de moins de 50 ans ! Parmi les 7 fondations familiales créées cette année, on trouve des parcours très comparables : il s’agit de projets longuement maturés, partagés par les parents et leurs enfants, avec la volonté de dédier une partie du patrimoine familial à des causes d’intérêt général.

Et du côté des entreprises ?

SdS : Ce qui est frappant, c’est l’alignement de plus en plus fort entre la stratégie d’entreprise, la gouvernance et la démarche philanthropique. C’est significatif par exemple pour les 4 fonds d’investissement qui ont créé leur fondation cette année, dans la continuité de leur politique d’investissement ESG (Environnement Social Gouvernance). A l’issue d’une consultation des salariés du groupe, la Fondation Andera Partners  a pour objet de lutter contre le changement climatique et pour la durabilité des sociétés humaines.  Même constat pour la Fondation Crédit Mutuel Alliance Fédérale. En 2020, cette entreprise a été la première banque à adopter le statut d’Entreprise à mission. La création d’une fondation constitue la première pierre de ce changement. Elle soutiendra des projets dans le domaine de l’environnement, de l’inclusion et du développement des territoires… en s’appuyant sur son réseau de caisses régionales, profondément implantées dans le tissu local.

Constatez-vous un engagement territorial fort ?

Sds : oui, deux nouvelles fondations ont axé leur action sur une approche locale, l’une sur le pays basque, la Fondation d’Ici-Tikiko, l’autre sur la Côte d’Opale. Cette dernière – Fondation reflet d’Opale- a une histoire intéressante. Elle commence avec le programme Mine d’idées, porté dès 2014 par la Fondation de France Nord. Il s’agissait d’une expérimentation pour aider des citoyens ou des collectifs à transformer une idée d’intérêt général en projet d’action. Ce programme a été ensuite repris par 9 entreprises qui se sont regroupées pour créer la Fondation territoriale des Lumières. Et aujourd’hui, nouvelle étape, l’une de ces entreprises souhaite essaimer la formule sur un territoire voisin, celui de la côte d’Opale.

Mais au-delà de la diversité des profils et des causes, ce qui rassemble ces nouvelles fondations, c'est le désir de partager leur expérience au sein d’une grande « famille » philanthropique. Rejoindre un grand réseau de fondations abritées motive le choix d’être abrité à la Fondation de France. D’ailleurs, l’effet réseau joue un rôle significatif : 17 des nouvelles fondations ont choisi de nous rejoindre compte tenu de la notoriété de la Fondation de France, ou sur les conseils d’une fondation déjà abritée. Cette confiance nous honore… et nous oblige ! 

 POUR ALLER PLUS LOIN

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