Des fondations engagées pour la création, l'accès et le partage
Qu’il s’agisse d’aider les artistes, d’accompagner les grands projets de création ou de restauration, de faciliter la diffusion auprès d’un large public ou de créer du lien social… la culture fait partie des grandes causes de la philanthropie ! Focus sur trois fondations qui ont su adapter leur aide pour soutenir le monde de la culture.
Avec la fermeture des musées, des salles de spectacle et l’annulation des festivals, le secteur de la culture a été l’un des premiers touchés par la crise Covid. Assignés à résidence, les compagnies et les artistes ont pu craindre une « double peine » : la mise à l’arrêt de leurs projets, et le risque de voir les ressources issues de la générosité se détourner vers des causes jugées plus urgentes. Mais, tout en la fragilisant, cette crise a également mis en lumière « le besoin de culture » pour tous. À l’heure de la réouverture des salles de spectacle et des cinémas, la philanthropie est plus que jamais au rendez-vous.
Ne rien lâcher
« Dans cette période particulièrement difficile, il n’était pas question de "lâcher" les compagnies et les artistes que nous soutenons, bien au contraire nous les avons accompagnés dans leurs projets d’adaptation et de réinvention », explique Jean- Jacques Goron, délégué général de la Fondation BNP Paribas. La Fondation BNP Paribas soutient la culture à hauteur d’1,2 million d’euros par an, dans trois domaines : la danse contemporaine, le jazz et les nouveaux arts du cirque. Avec un parti pris ambitieux : accompagner l’expérimentation, encourager de nouvelles formes de création et la prise de risque artistique. « Et donc forcément, s’engager sur la durée, souligne son délégué général. Nous soutenons par exemple la Maison de la danse depuis 34 ans, et nous accompagnons les créateurs généralement pendant une dizaine d’années, le temps nécessaire pour développer de nouvelles propositions artistiques. » Ce compagnonnage dépasse le simple soutien financier, la fondation s’attachant à créer des passerelles entre le monde de la banque et les créateurs : participation des salariés à certaines chorégraphies, rencontres avec ses clients, implication des antennes régionales et internationales dans les festivals… Au plus fort de la crise, la fondation a non seulement maintenu ses engagements, mais elle a aussi mobilisé une aide supplémentaire exceptionnelle de 310 000 euros. « Pour que les artistes et les collectifs puissent continuer à travailler dans deux directions, précise Jean-Jacques Goron. D’une part développer une offre à distance, avec des formats repensés pour l’écran ». Comme le pianiste de jazz Dan Tepfer, qui propose un concert en direct de son appartement de Brooklyn chaque lundi depuis 54 semaines ! « Et d’autre part, préparer les créations qui vont pouvoir être jouées lors du déconfinement. Cette période aura été un véritable laboratoire. Certaines transformations s’accélèrent : l’usage du numérique bien sûr, mais aussi la prise en compte des enjeux climatiques dans les modes de production et de diffusion, l’accès des publics éloignés de la culture… Sur toutes ces réflexions, nous restons aux côtés des artistes. »
Comédie Française : accompagner la mutation numérique
Même constat à la Fondation pour la Comédie-Française, qui rassemble des mécènes – entreprises ou particuliers désireux de participer au rayonnement de la maison de Molière. Pour la troupe, malgré le confinement, pas question de renoncer à sa mission première : donner à voir et à entendre le patrimoine et la création théâtrale. Les comédiens et une partie des équipes techniques ont eu la possibilité de continuer à travailler pour préparer la réouverture et proposer des productions en ligne. Ici aussi, le confinement a nécessité d’investir massivement le champ du numérique, de mobiliser des moyens supplémentaires pour créer une web-TV de qualité. L’institution a pu ainsi proposer au public une série de rendez-vous, comme la lecture quotidienne de La Recherche du temps perdu (certaines lectures ont rassemblé jusqu’à 100 000 internautes !), ou le rendez-vous hebdomadaire « théâtre à la table », qui a permis à des centaines de milliers d’amateurs de découvrir le travail de répétition et l’interprétation de plus de 20 oeuvres. « L’apport financier de la fondation a été déterminant pour ce nouveau mode de diffusion, et nous avons mobilisé notre réseau de mécènes, explique Marie-Claire Janailhac, sa présidente. L’expérience a permis de toucher de nouveaux publics : des personnes vivant loin de Paris, et même à l’étranger, des résidents des Ehpad, des prisons… Comment conserver et cultiver ce lien ? La réflexion est en cours. »
Quand culture rime avec solidarité et écologie
Loin des planches, d’autres fondations oeuvrent pour la conservation et la valorisation du patrimoine. Comme la Fondation Malatier-Jacquet, dont l’action conjugue plusieurs dimensions : culturelle, sociale et environnementale. Il en est ainsi de ses chantiers de restauration des châteaux de Chambord et de Versailles. Pour le premier, il s’agit de sauver de la ruine le mur d’enceinte du parc, en impliquant et en formant chaque année des personnes éloignées de l’emploi. Ou encore d’aménager un nouveau potager, entièrement conduit selon les principes du maraîchage durable, permettant de former des professionnels à la permaculture, et de sensibiliser les visiteurs ! Pour le second, il s’agit de restaurer le lac du Hameau de la Reine, avec le souci de maintenir l’équilibre de l’écosystème lacustre. Pendant la crise, ces travaux ont pu se poursuivre, et la fondation a également maintenu son engagement auprès de jeunes étudiants, au travers de bourses de mobilité internationale. Là encore, culture et solidarité avancent ensemble.
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